Face à la résurgence de l’épidémie de coronavirus, le gouvernement s’apprête à renforcer les mesures de lutte contre la propagation du Covid-19. Il pourrait même être bientôt contraint de faire ce qu’il souhaitait absolument éviter : reconfiner tout ou partie du territoire. Une hypothèse évoquée lundi par le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy.
Emmanuel Macron a ainsi tenu mardi matin un Conseil de défense sur l'épidémie de Covid-19, en présence du Premier ministre Jean Castex et d'une dizaine de ministres, pour préparer un nouveau tour de vis des mesures de lutte. Jean Castex devait quant à lui recevoir en fin d’après-midi les responsables politiques puis les partenaires sociaux à Matignon pour les « consulter » sur « les durcissements envisagés ». Un nouveau conseil de défense se tiendra mercredi matin pour prendre les décisions qui seront annoncées aux Français d'ici la fin de la semaine. « Il faut s'attendre à des décisions difficiles », a prévenu mardi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin au micro de France Inter.
Des médecins inquiets…
Nombre de médecins y sont prêts. Car sur le terrain, l’inquiétude grimpe. « On voit qu’on ne maîtrise pas la circulation du virus, confie le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. On n’a pas de perspectives, on ne sait pas quand les courbes vont s’incurver (…) les mesures mises en œuvre jusqu’à présent n’ont pas suffi. » De son côté, un anesthésiste-réanimateur qui livre chaque semaine à l'AFP son journal de la crise sanitaire confirme que « la pression se fait sentir de plus en plus au quotidien ». « Plus d'appels, plus d'entrées en réanimation (…) On savait qu'une deuxième vague arriverait. Elle est là », ajoute-t-il.
… qui réclament des mesures fortes
La situation est telle que certains praticiens réclament le retour du confinement. « Je pense qu'il faut reconfiner clairement le pays », a ainsi estimé l'infectiologue Gilles Pialoux mardi matin sur RTL. Selon lui, l’épisode actuel est « plus critique, plus précoce, plus fort et plus impactant sur la vie de l'hôpital que [le précédent] ». L’infectiologue appelle donc à « laisser de côté l'économie ». « Sans opposer la santé à l'économie… les deux sont interconnectées dans le sens où la santé pèse sur l'économie », a-t-il précisé.
Le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S (Union française pour une médecine libre – syndicat) abonde en ce sens. « La question du confinement ne doit même plus se poser. Il faut agir… Vite ! », a-t-il tweeté dimanche. « Nous n’avons plus le temps des demi-mesures », a-t-il également estimé ce mardi, s’en prenant au passage à « ceux qui ont nié la reprise de l’épidémie » cet été alors que les médecins tiraient la sonnette d’alarme.
Le Dr Jean-Christophe Calmes, vice-président du syndicat MG France, plaide quant à lui pour un reconfinement des plus de 65 ans dans un entretien accordé à France Info. Une mesure « très discriminante », admet-il, mais qui « a du sens parce qu'on sait que la maladie (…) est souvent mortelle pour les gens qui ont plus de 65 ans ». « Le but, c'est d'éviter un grand nombre décès et donc d'éviter que cette population particulière arrive dans les hôpitaux. C'est-à-dire éviter que les gens qui ont des maladies chroniques et les gens de plus de 65 ans ne soient touchés », explique le Dr Calmes. Et celui-ci de réitérer la demande de son syndicat de mettre en place une consultation de prévention à destination des personnes à risques, que les omnipraticiens coteraient CCX (consultation complexe, 46 euros).
(Avec AFP)
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