Si les enfants sont des vecteurs très importants de virus, à l’origine des épidémies hivernales de grippe et de VRS, deux études en France confirment qu’ils ne sont pas les grands contaminateurs de SARS-CoV-2 comme on le craignait au tout début de l’épidémie. Au contraire, ils seraient bien plus souvent infectés par des adultes contaminateurs. De quoi rouvrir toutes les écoles et remettre en cause les règles sanitaires souvent difficiles pour les enfants, estiment les auteurs.
Un parallèle avec la grippe injustifié
« Très rapidement au début de la crise sanitaire, le parallèle entre Covid-19 et grippe nous a induits en erreur ». Quelques mois plus tard, le Dr Corinne Levy, directrice médicale pour l’Association Clinique et Thérapeutique Infantile du Val de Marne (ACTIV) est formelle : « Nous le savons désormais : au contraire de la grippe ou du VRS, avec le SARS-CoV-2 ce sont plus souvent les adultes qui contamineraient les enfants, et non l’inverse. » Pourtant, lorsque la décision de fermer les écoles a été prise, très peu d’informations existaient sur la transmission du SARS-CoV-2 entre enfants et adultes en France.
« Nous avons alors décidé avec le Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP) de conduire une étude observationnelle agrégeant le nombre de tests RT-PCR SARS-CoV-2 réalisés et le nombre de positifs, précise-t-elle, à la fois chez l’enfant et chez l’adulte, transmis par 45 centres et services hospitaliers répartis sur tout le territoire français. » Cette étude, "Changes in RT-PCR-positive SARS-CoV-2 rates in adults and children according to the epidemic stages" est désormais accessible en préprint sur MEdRxit. Elle a été conduite au plus fort de l’épidémie, du 2 mars au 26 avril 2020 et a permis de colliger les données sur 6 490 enfants et 46 098 adultes.
Des taux de PCR positives très bas chez les moins de 15 ans
Chez les enfants, « le taux de RT-PCR positives au SARS-CoV-2 est très bas, rapporte le Dr Levy, bien moindre que chez les adultes (5,9 % versus 20,3 % en moyenne). Les enfants (<15 ans) sont moins souvent porteurs du virus : le taux de RT-PCR positives chez l’adulte peut être multiplié par 2 à 7 comparé à l’enfant. » Le delta entre les taux de RT-PCR positives adultes/enfants s’est maintenu tout au long de la surveillance mais avec des variations d’intensité selon la date et la région. Au pic de l’épidémie, il y a eu à Paris jusqu’à 43,9 % de tests positifs chez l’adulte versus 27,2 % dans la France entière contre respectivement 14,3 % et 9,7 % chez les enfants.
Une seconde étude conduite en Ile-de-France par ACTIV et le Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil (du 14 avril au 12 mai), nommée COVILLE, va dans le même sens. Encore non publiée, elle a compilé les données sur 605 enfants répartis en deux groupes : l’un présentant des symptômes cliniques compatibles avec une infection à coronavirus, l’autre n’en présentant aucun.
Dans les deux groupes (que les enfants soient symptomatiques ou non), un très faible pourcentage d’enfants (moins de 2 %) avaient une RT-PCR positive et donc étaient Covid +. Parmi eux, un peu moins de la moitié avaient des seuils de RT-PCR suffisamment bas (donc un taux de réplication virale), permettant de conclure de manière générale que les enfants sont peu ou pas contagieux pour le SARS-CoV- 2. Enfin, plus de 85 % des enfants avaient été contaminés par un adulte à la maison.
Globalement, ces études sont en faveur du rôle modeste des enfants dans la dynamique de la maladie. Ce sont surtout les adultes de l’école (enseignants, employés, parents) qui doivent le plus veiller au respect des mesures barrière. « Le virus circulant peu actuellement parmi les enfants, il est très dommageable pour eux de ne pas avoir la possibilité d’être scolarisés », regrette le Dr Levy.
Une troisième étude coordonnée par ACTIV (VIGIL) a débuté le 4 juin. Les médecins généralistes et les pédiatres sont appelés à participer. Son objectif, en faisant passer un test RT-PCR aux enfants dont les signes infectieux n’ont pu être identifiés, est d’évaluer la rentabilité de ce test en pédiatrie afin de préciser son intérêt en vie réelle.
La piste de l'enzyme de conversion
En parallèle, le 20 mai dernier, une étude parue dans le JAMA confirmait l’une des hypothèses émises pour expliquer pourquoi le Covid-19 épargne les enfants : il y a effectivement une moindre expression du gène de l’enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2), récepteur situé dans l'épithélium nasal et utilisé par le SARS-COV-2 pour infecter l’hôte. Les deux autres hypothèses sont celles de l’ « immunité entraînée » (le fait d’avoir régulièrement des petits épisodes viraux) et l’immunité croisée (immunisation due à de multiples contacts passés avec d’autres coronavirus).
Pour en savoir plus : https://www.infovac.fr
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