L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) lance, ce 10 avril 2025, une campagne de sensibilisation multisupport sur le bon usage des benzodiazépines et apparentés dans le traitement de l’anxiété et de l’insomnie sévère.
Cette campagne s’inscrit dans le cadre de la grande cause nationale sur la santé mentale et s’adresse au grand public, mais aussi aux professionnels de santé. « Les traitements de l’anxiété et de l’insomnie sont des traitements de courte durée, pourtant 40 % des ordonnances sont non conformes car dispensant sur des durées trop longues », alerte la Pr Catherine Paugam-Burtz, directrice générale de l’ANSM, lors d’une conférence de presse.
« La France est le 2e pays le plus consommateur en Europe de benzodiazépines (34 unités/personne/an) après l’Espagne (54 unités/personne/an), expose le Dr Philippe Vella, directeur médical à l’ANSM. En 2023, 9 millions de Français ont été traités par une benzodiazépine ». Or, le profil de sécurité particulier de cette classe de médicaments (risques de dépendance, de chute, de troubles de la mémoire, de somnolence, liés à la conduite…) est « un sujet de préoccupation », a déclaré la directrice de l’agence.
La campagne comprend des diffusions nationales de spots publicitaires et de messages sur les réseaux sociaux, mais aussi des encarts publicitaires dans la presse quotidienne régionale et sur les taxis. « Ces canaux nous permettent de cibler les publics particulièrement concernés par le mésusage des benzodiazépines et apparentés : les 18-25 ans, avec une personne sur quatre affirmant ne pas connaître le risque de dépendance ou les effets secondaires, selon une enquête en partenariat avec ViaVoice, et les plus de 65 ans, la population la plus concernée par le mésusage et la plus consommatrice de benzodiazépines », explique Élodie Massé, directrice de la communication.
Disponibilité de petits conditionnements dans plusieurs spécialités
L’ANSM rappelle, à destination des professionnels de santé, et particulièrement des médecins généralistes constituant 75 % des prescripteurs, que dans la prise en charge de l’anxiété et de l’insomnie, « ces médicaments doivent être prescrits sur la durée la plus courte possible » et « constituent une aide temporaire pour atténuer les symptômes et non un traitement de la cause ».
Ainsi, la durée de traitement est de quelques jours à trois semaines pour les hypnotiques, utilisés dans les insomnies, et ne doit pas dépasser 12 semaines pour les anxiolytiques. De plus, l’ANSM appelle à ne pas oublier les petits conditionnements de benzodiazépines disponibles dans une dizaine de spécialités aujourd’hui. « Nous avions demandé dès 2022 aux laboratoires de proposer des boîtes de petit conditionnement », explique le Dr Philippe Vella.
Des affiches et brochures disponibles pour les professionnels de santé
La campagne, qui est relayée par les ARS, comprend plusieurs outils d’information mis à disposition des professionnels de santé. Elle compte des affiches sur le même modèle que la campagne précédente « Les médicaments ne sont pas des produits ordinaires, ne les prenons pas à la légère », des brochures grand public les médecins, trois vidéographies (deux à destination du grand public et une pour les médecins) et des partenariats avec des créateurs de contenu.
Enfin, les représentants de l’ANSM ont évoqué un travail en cours avec le Collège de médecine générale pour renforcer la formation et l’information des prescripteurs, et un autre sur la déprescription des benzodiazépines chez les personnes âgées.
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