Amputée des financements américains, Gavi garde l’espoir de vacciner 500 millions d’enfants d’ici à 2030

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Publié le 27/06/2025

L’Alliance du vaccin Gavi a réuni plus de 9 milliards de dollars de promesses de dons, soit près de 3 milliards de moins qu’escomptés pour sa stratégie 2026-2030, en raison du retrait des financements américains.

Crédit photo : Juan Karita/AP/SIPA

L'organisation Gavi, l’alliance du vaccin pour les enfants dans les pays les plus pauvres, a récolté des promesses de dons à hauteur de plus de 9 milliards de dollars (7,7 milliards d’euros), indique-t-elle à l’issue de son sommet mondial qui s’est tenu ce 25 juin à Bruxelles. Bien que le montant soit en deçà du budget de 11,9 milliards de dollars (10,16 milliards d’euros) souhaités pour sa stratégie 2026-2030 afin de protéger 500 millions d’enfants, le ton n’est pas alarmiste.

« Alors que Gavi entre dans une nouvelle période stratégique, nous sommes confiants sur le fait que non seulement les donateurs, mais aussi les pays Gavi, le secteur privé et toutes les parties prenantes sont à nos côtés pour construire un futur sain et prospère », déclare la Dr Sania Nishtar, cheffe de l’organisation.

Espoir de poursuivre le dialogue avec les États-Unis

La directrice de Gavi a néanmoins reconnu sa « déception » à l’égard de la suspension des financements du gouvernement américain. Dans une vidéo retransmise lors de la réunion des donateurs, le ministre américain de la Santé Robert Kennedy Jr, connu pour ses positions vaccinosceptiques, a annoncé que les États-Unis « ne contribueront pas davantage » tant que Gavi n'aura pas regagné la « confiance du public ». « Dans son zèle à promouvoir la vaccination universelle, Gavi a négligé la question essentielle de la sécurité des vaccins », a-t-il accusé.

« Bien sûr, nous sommes en désaccord avec de nombreux éléments relatés dans la vidéo », a répliqué la Dr Sania Nishtar. « C'est regrettable, mais nous espérons une relation positive avec les États-Unis. Nous continuerons à dialoguer avec eux », a assuré cette responsable pakistanaise.

En réponse aux critiques exprimées par Robert Kennedy Jr, l'organisation a aussi souligné que le vaccin DTP (diphtérie-tétanos-coqueluche-poliomyélite) utilisé dans les pays à faibles revenus avait prouvé son efficacité. De manière générale, la « très forte » demande en vaccins dans les pays soutenus par Gavi démontre « l'immense confiance » qui existe envers l'organisation, selon la Dr Nishtar.

Sous la présidence de Joe Biden, les États-Unis s'étaient encore engagés l'an dernier dans ses programmes de financement pluriannuels. La contribution de Washington compte pour environ 13 % du budget actuel.

Des États donateurs malgré d’autres priorités

Malgré le désengagement américain, la Dr Nishtar a assuré que Gavi restait « en très bonne posture » et a jugé « positif » le montant des promesses, à un moment où de nombreux États donateurs ont d'autres priorités, notamment l'augmentation de leurs dépenses militaires. Et ceci d’autant que quelques bailleurs doivent encore se prononcer sur leurs engagements financiers.

Parmi les donateurs, l'Union européenne, conjointement avec ses États membres, a assuré s'être engagée à verser plus de 2 milliards d'euros. Un montant de 1,6 milliard de dollars a été promis par la fondation Gates.

En réaction, Médecins sans frontières (MSF) a exhorté Gavi à concentrer ses efforts sur la vaccination des enfants vivant dans des contextes humanitaires. « Le soutien international au travail de Gavi pour les cinq prochaines années est encourageant, mais les financements ne suivent pas. Cela ne doit pas dissuader Gavi et les bailleurs d'intensifier leurs efforts pour vacciner les enfants », a réagi Daniela Garone, coordinatrice médicale internationale. « De nombreux endroits où nous travaillons ont été confrontés à des épidémies de maladies évitables par la vaccination - comme la rougeole au Darfour (Soudan) et la diphtérie à Kano (Nigeria) - en partie à cause d'un accès limité aux vaccins », a-t-elle rappelé.


Source : lequotidiendumedecin.fr