Parmi les 83 pages des recommandations sanitaires aux voyageurs 2019 publiées dans le BEH d'aujourd'hui, certains points forts vont attirer l’attention des médecins traitants comme le risque d’exposition à des maladies un peu « oubliées » en France comme la tuberculose, la poliomyélite ou la rage. Elles vont aussi alerter des dangers du recours à des préparations non reconnues pour la prévention du paludisme.
Palu, les préparations à base de plantes sur la sellette
Le paludisme reste une forte préoccupation, avec toujours en France plus de 5 000 cas d'importation pour 60 millions d’habitants, alors qu’aux USA on recense 2 000 cas pour 300 millions d’habitants. Il est nécessaire de mieux sensibiliser les futurs voyageurs sur la prévention, en tenant compte des récentes évolutions, avec des pays où le paludisme a disparu comme le Paraguay ou le Salvador, et d’autres où il se développe comme la République dominicaine ou Madagascar. « Autre point qui soulève de vives inquiétudes, l’utilisation de préparations à base d’artemisia en remplacement de la prophylaxie antipaludéenne », alerte Pr Daniel Camus (HCSP et Institut Pasteur), président du groupe de travail à l’origine de ces recommandations. L’artemisia annua contient certes de l’artémisine, une substance active contre le paludisme, mais pas en monothérapie et uniquement sous sa forme synthétique et non en préparations à base de la plante entière dont on ne peut contrôler la teneur. Des infections par le paludisme après utilisation de ces préparations ont été recensées et l’OMS les contre-indique formellement en l’absence d’étude scientifique.
Le renforcement de la protection contre les moustiques s’impose d’autant plus qu’elle protège aussi des arboviroses, comme la dengue dont l’incidence a fortement augmenté dans certaines zones, avec un vaccin qui a obtenu l’AMM mais dont l’utilisation complexe n’est pas adaptée aux voyageurs.
Tuberculose, rage et polio sont loin d’être éradiquées
De nouvelles données transmises par l’OMS recensent les pays à forte incidence de tuberculose ( > 40 cas/100 000 habitants), destinations pour lesquelles il est fortement recommandé de vacciner les moins de 15 ans qui y séjournent plus d’un mois. Un nouveau vaccin, le BCG AJ Vaccines est disponible depuis décembre 2018.
La rage est très présente en particulier dans les pays du Sud-Est asiatique et les visites dans les parcs animaliers avec des singes en liberté sont fortement déconseillées. Le vaccin en 2 injections pourrait selon l’OMS être aussi efficace et moins coûteux, mais en France l’agence du médicament n’ayant pas reçu de demande de modification de l’AMM, c’est toujours le schéma à 3 doses qui prévaut sur le médico-légal.
La poliomyélite fait toujours l’objet d’une surveillance très étroite, et le vaccin ou le rappel est exigé par certains pays dans le cadre du Règlement sanitaire international (RSI). La situation fluctuant très rapidement, il faut se renseigner avant de partir sur des sites régulièrement actualisés.
Dans le contexte actuel de survenue d’épidémies de rougeole dans quasiment tous les pays du monde, « la consultation des voyageurs est aussi une opportunité pour vérifier le statut vaccinal du consultant et de le mettre à jour si besoin », soulignent les recommandations.
La question de la grippe se pose aussi pour certains pays pendant l’hiver austral. Il serait bon de vacciner toutes les personnes vulnérables chez qui la vaccination est recommandée, mais il est très difficile d’obtenir en France un vaccin en dehors de la période hivernale. « Je recommande chez les personnes à risque qui partent pour une période relativement longue de se faire vacciner dès leur arrivée. Ceux qui ont été vaccinés cet hiver gardent un certain niveau de protection, du moins si les souches n’ont pas changé ».
Les tiques conquièrent l’Europe
Outre la maladie de Lyme, les tiques peuvent transmettre diverses maladies comme l’encéphalite à tiques. L’European for Center Disease Control a établi la liste des pays à risque, comme les régions forestières d’Autriche ou d’Allemagne, destinations pour lesquelles le médecin est rarement consulté. Pour ceux qui ne souhaitent pas se faire vacciner, l’imprégnation des vêtements par des insecticides constitue une arme très efficace.
La femme enceinte, une voyageuse pas comme les autres
A noter enfin que le chapitre sur les femmes enceintes ou allaitantes a été renforcé. Elles voyagent de plus en plus et négligent parfois certaines précautions ou contre-indications spécifiques (vis-à-vis de certaines vaccinations ou de certains traitements, comme la chloroquine), mais aussi les risques liés à de longs voyages aériens. En ce qui concerne le Zika, si les foyers épidémiques importants qu’on a connus en Amérique du Sud ont disparu, la maladie persiste à bas bruit sur l’ensemble du sud-est asiatique, zones à déconseiller chez les femmes enceintes ou qui ont un projet d’enfant.
Recherche
Cohorte ComPaRe : cinq ans d’enseignements tirés des patients
Traiter l’obésité pédiatrique améliore la santé cardiométabolique à long terme
Moins d’épisiotomies ne signifie pas plus de lésions des sphincters de l’anus
L’oxygénothérapie à haut débit fait aussi bien que la ventilation non invasive