Les femmes qui ont été exposées in utero à des niveaux élevés de DDT in utero ont près de quatre fois plus de risques de développer un cancer du sein à l'âge adulte, selon des chercheurs américains. Pour leur étude parue dans la revue Clinical Endocrinology and Metabolism (JCEM), ils ont retrouvé des filles de femmes qui avaient participé à un programme de santé de la Kaiser Foundation entre 1959 et 1967 en Californie. A cette époque-là, le DDT était très utilisé, s'accumulant dans les graisses animales et entrant ainsi dans la chaîne alimentaire humaine. Cette substance toxique, identifiée depuis comme un perturbateur endocrinien, a notamment été retrouvée dans des produits laitiers et d'autres aliments.
Les femmes de l'étude de la Fondation, qui toutes avaient des niveaux détectables de DDT dans le sang, ont donné naissance à 9.300 filles. Le niveau de DDT a été quantifié pour les mères de 118 filles ayant présenté un cancer du sein à l'âge adulte, et de 354 filles n'en ayant pas eu. Les chercheurs ont pu déterminer la teneur en DDT dans l'utérus en analysant le sang prélevé à l'époque sur les femmes enceintes ou juste après l'accouchement, et qui avait été conservé. Ils ont constaté que les femmes dont les mères présentaient des niveaux élevés de DDT dans le sang avaient un risque presque quadruplé de développer une tumeur mammaire et, ce, indépendamment des antécédents maternels de cancer du sein. De plus, ces cancers étaient plus avancés au moment du diagnostic.
"Il s'agit de la première étude à montrer un lien direct entre une exposition de femmes enceintes à une substance chimique et des conséquences durables sur la santé de leurs filles qui ont un risque accru de cancer du sein", souligne Barbara Cohn, de l'Institut de santé publique à Berkeley en Californie. D'autres études avaient montré qu'une exposition au DDT pouvait provoquer des malformations, réduire la fertilité des femmes, accroître le risque de diabète adulte ou favoriser l’Alzheimer. Le DDT -dont les propriétés insecticides ont été découvertes en 1939- a été interdit depuis les années 70 dans de nombreux pays, mais il est encore utilisé en Afrique et en Asie pour lutter contre la propagation du paludisme.
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