Un peu moins de 15 ans après l’introduction de la vaccination anti-HPV en France, les preuves de l’intérêt de cette mesure de prévention s’accumulent. En effet, une vaste étude observationnelle parue mercredi dans le Lancet confirme la capacité de la vaccination anti-HPV à réduire significativement le risque de cancer du col de l’utérus.
Déceler les premiers effets de la vaccination
Ce travail a été mené au Royaume-Uni. Les auteurs se sont penchés sur le registre britannique des cas de cancer. A partir de cette base de données, ils ont comparé l’incidence du cancer du col ou des lésions CIN3 dans diverses générations de femmes : chez des femmes vaccinées aux premières heures de la campagne britannique d’une part, et chez des femmes plus âgées (nées en 1989-1990) non éligibles à la vaccination au moment de son arrivée Outre-Manche en 2008. « [Nous avons alors] estimé le risque relatif de cancer du col de l'utérus dans trois cohortes vaccinées par rapport aux cohortes précédentes », expliquent-ils. Au total, 13,7 millions d’années de suivi de femmes vaccinées aujourd’hui âgées de 20 à 30 ans ont été prises en compte.
Le cancer du col quasi-éradiqué chez les plus jeunes
Résultat : au Royaume-Uni, l’introduction de la vaccination anti-HPV s’est bien accompagnée d’une réduction – qui plus est très significative – de l’incidence du cancer du col de l’utérus et des lésions CIN3. « La campagne de vaccination anti-HPV a presque éliminé le cancer du col chez les femmes nées après le 1er septembre 1995 », se félicitent les auteurs. De fait, un taux d’incidence inférieur à 0,3 cas de cancer pour 100 000 femmes années aurait été enregistré dans certaines cohortes de vaccinées.
Aussi les femmes vaccinées présentent-elles, par rapport aux femmes non vaccinées, un risque de développer un cancer du col ou des lésions CIN3 particulièrement bas. Et ce, d’autant plus qu’elles ont été vaccinées tôt dans l’adolescence. En effet, si les femmes vaccinées entre 16 et 18 ans sont 34 % moins à risque de développer un cancer du col que les non-vaccinées, ce chiffre atteint 62 % chez femmes vaccinées entre 14 et 16 ans, et même 87 % chez celles vaccinées entre 12 et 13 ans.
Au total, en Angleterre, dans les cohortes vaccinées étudiées, de nombreux cas de cancer auraient déjà été évités. « Nous estimons qu'au 30 juin 2019, il y avait eu 448 cancers du col de l'utérus et 17 235 cas de lésions CIN3 de moins que prévu dans [ces] cohortes », soulignent les auteurs.
Mettre fin au débat
Pour le Pr Daniel Floret, pédiatre et vice-président de la commission technique des vaccinations, « il s’agit là […] de la seconde étude (après une étude nordique) montrant que la vaccination HPV prévient le cancer du col, et pas seulement les lésions pré-cancéreuses ». En effet, jusqu’à l’année dernière, seules des données mettant en évidence un impact de la vaccination anti-HPV sur ces lésions pré-cancéreuses étaient disponibles, d’où une controverse sur le bénéfice réel de cette vaccination en termes de prévention du cancer du col proprement dit.
Ainsi cette étude pourrait-elle contribuer à clore le débat et à augmenter les couvertures vaccinales, encore très insuffisantes en France. En 2018, le taux de couverture vaccinale chez les jeunes filles était de 24 % – contre près de 85 % dans les cohortes anglaises présentant les taux d’incidence du cancer les plus bas.
En outre, au-delà de ses résultats particulièrement encourageants en particulier dans les cohortes de femmes vaccinées précocement, le Pr Floret note une originalité de ce travail : « le vaccin [étudié] a été le vaccin bivalent Cervarix », prescrit au début de la campagne de vaccination anglaise et depuis remplacé par le vaccin Gardasil 9, également actuellement utilisé en France. Si cette étude ne permet donc pas de conclure sur les performances de ce nouveau vaccin, celui-ci pourrait en fait s’avérer plus efficace encore que le Cervarix puisqu'il protège de 7 sous-types supplémentaires de papillomavirus humains.
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