Dans les années 1995, d’importantes études cliniques contrôlées prouvaient pour la première fois que les statines permettaient d’obtenir une diminution significative de la morbimortalité coronarienne et cardio-vasculaire en prévention secondaire et primaire. Le rouleau compresseur "statines" se mettait en marche.
Les études 4S avec la simvastatine, les études CARE et LIPID avec la pravastatine ont montré une réduction de la morbimortalité coronaire en prévention secondaire. Encore l’étude 4S avec cette fois l'étude LIPID démontraient la baisse de la mortalité totale en prévention secondaire. Et l’étude WOSCOPS (West of Scotland Coronary Prevention Study) démontrait avec la pravastatine une baisse de la mortalité totale en prévention primaire.
Cette très masculine étude WOSCOPS fait cette semaine encore parler d’elle puisque la revue Circulation publie un article apportant de nouvelles preuves d’efficacité de la pravastatine en prévention primaire. Administrée quotidiennement chez des hommes sans antécédents cardio-vasculaires mais porteurs d’une LDL-C supérieure ou égale à 1,9 g/L, la pravastatine réduit le risque de décès coronarien de 28 %.
Cette étude, post-hoc, randomisée, contre placebo et de type observationnel a consisté à sélectionner dans un premier temps parmi les hommes inclus dans WOSCOPS à l’origine (n = 6 595) ceux qui n’avaient pas d’antécédents cardio-vasculaires, soit un total de 5 529 participants. Âgés de 45 à 64 ans, tous suivis par leur médecin généraliste, ils ont été classés par niveaux de LDL-C soit inférieur à 1,9 g/L (n = 2060, niveau moyen de LDL à 1,78) soit supérieur ou égal à 1,9 g/L (n = 2560, niveau moyen de LDL à 2,06).
Le seuil de LDL-C supérieur ou égal à 1,9 g/L
L’effet de la pravastatine à la dose de 40 mg/j versus placebo a été évalué versus placebo sur 4,9 ans vis-à-vis de l’émergence de pathologie coronarienne et celui d’évènements cardio-vasculaire majeur (type IDM, AVC). Et la mortalité globale a été observée sur 20 ans.
Chez les hommes ayant un LDL-C supérieur ou égal à 1,9 g/L, la statine réduit de 27 % le risque coronarien, de 25 % celui d’IDM ou d’AVC, de 28 % la mortalité coronarienne, cardio-vasculaire de 25 % et de toutes causes confondues de 18 %.
"Pour la première fois, nous avons montré que les statines réduisent le risque de mortalité dans ce groupe de la population qui est considéré en bonne santé à l'exception de taux très élevés de LDL-C", a souligné le professeur Kausik Ray de l'Imperial College School of Public Health à Londres, l'un des principaux auteurs de cette étude parue dans la revue américaine.
Ces résultats sont à placer dans le contexte des récentes recommandations de la HAS qui recommandent la prise en charge de LDL-C en prévention primaire en fonction du niveau de risque cardio-vasculaire évalué par l’échelle SCORE.
Et nul doute que vis-à-vis des nouveaux antihypercholestérolémiants que sont les anti PCSK9, cette étude tend à montrer que les statines n’ont pas dit leur dernier mot…
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