À l’heure où s’ouvre à Paris le congrès annuel de la société française de dermatologie, cette revue Cochrane tombe à pic. Selon la conclusion d’un groupe d’experts qui vient de terminer une vaste revue systématique des travaux de recherche en dermatologie, l’examen à l’œil nu d’une lésion cutanée ne suffit pas pour diagnostiquer avec précision un cancer de la peau.
Il existe trois formes principales de cancer de la peau : le mélanome et le carcinome spinocellulaire (CSC) sont des cancers à haut risque, qui peuvent se propager et entraîner une issue fatale. Le carcinome basocellulaire (CBC), quant à lui, se propage rarement ; il reste habituellement localisé mais peut infiltrer et endommager les tissus environnants.
« Comme le cancer de la peau est visible, il peut être détecté et traité de nombreuses manières par différents spécialistes. Le but de ces revues est donc de fournir les meilleures données probantes sur la manière d’identifier et de traiter ce type de cancer endémique, explique Dr Jac Dinnes, membre du Groupe de travail Cochrane en dermatologie (Institute of Applied Health Research, Université de Birmingham). Nous avons découvert qu’il fallait s’intéresser de près aux technologies qui pourraient aider à ce qu’aucun cancer cutané ne passe pas inaperçu, tout en réduisant les examens par les spécialistes et les excisions inutiles de lésions bénignes. »
Il existe trois formes principales de cancer de la peau : le mélanome et le carcinome spinocellulaire (CSC) sont des cancers à haut risque qui se propagent facilement. Le carcinome basocellulaire (CBC) reste habituellement localisé et se propage rarement mais il peut infiltrer et endommager les tissus environnants.
Dix conclusions
Au terme d'une analyse qualifiée de « marathon » par ses auteurs, cette revue Cochrane énonce 10 conclusions :
• L’examen visuel à l’œil nu ne suffit pas et peut manquer des mélanomes.
• Les applications pour smartphones utilisées par les personnes qui s’inquiètent de modifications de leurs grains de beauté ou d’autres lésions cutanées comportent un risque élevé de rater des diagnostics de mélanomes.
• La dermoscopie identifie mieux les mélanomes que l’examen visuel seul et peut aussi aider à diagnostiquer un CBC.
• La dermoscopie peut aussi aider les généralistes à reconnaître correctement les patients porteurs de lésions suspectes qu’il faut adresser à un spécialiste.
• Mais l’utilisation de la dermoscopie en soins primaires n’a pas été largement évaluée et des recherches spécifiques sont donc nécessaires.
• Des listes de vérifications conçues pour l’interprétation des images de dermoscopie peuvent aider les praticiens moins expérimentés et moins formés à poser des diagnostics plus précis.
• La télédermatologie (examen à distance des lésions cutanées par un spécialiste, à partir d’images de dermoscopie et de photographies) est probablement un bon moyen d’aider les généralistes à décider quelles lésions doivent être montrées à un dermatologue, mais les futures recherches devront être mieux conçues.
• L’intelligence artificielle, employée par exemple dans le diagnostic assisté par ordinateur (DAO), peut identifier plus de mélanomes que les médecins dans les images de dermoscopie. Le DAO produit cependant beaucoup plus de faux positifs que la dermoscopie et pourrait entraîner une inflation des opérations non nécessaires.
• Des recherches supplémentaires sont nécessaires sur les tests spécialisés tels que la microscopie confocale par réflectance (MCR), une technique d’imagerie non invasive qui permet de réaliser une « biopsie virtuelle » de la peau pour obtenir des indices diagnostiques tout en réduisant les biopsies cutanées non nécessaires.
• D’autres tests, par exemple avec des ultrasons à haute fréquence, sont prometteurs, en particulier pour le diagnostic du CBC, mais les données probantes sont encore limitées et d’autres études sont nécessaires.
« À quelques exceptions près, la conception des études était étonnamment médiocre. Bien que quelques conclusions utiles en aient émergé, par exemple sur le rôle de la dermoscopie, cette recherche sert surtout de référence pour la conception des études futures évaluant des techniques de diagnostic de cancer de la peau chez des patients qui sont habituellement vus par leur généraliste et des spécialistes », concluent les auteurs.
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