Lancé en grande pompe fin mars dans l'espoir de trouver un traitement contre le Covid-19, l'essai clinique Discovery n'a pas encore livré de résultats, en raison d'une coopération européenne qui patine et d'une efficacité sans doute moindre qu'espéré des quatre médicaments testés.
Réuni lundi dernier, le comité d'experts extérieurs (ou Data Safety Monitoring Board -DSMB-), qui suit Discovery a en effet jugé qu'il fallait poursuivre l'étude en continuant à inclure de nouveaux patients, faute de résultats probants à ce stade. « Ils nous ont dit qu'il fallait continuer », a expliqué à l'AFP le Pr Yazdan Yazdanpanah, l'un des chercheurs qui chapeautent le projet à l'institut de recherche français Inserm. Mardi, le comité indépendant qui analyse les données de Solidarity, vaste essai de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui englobe Discovery, est arrivé aux mêmes conclusions, a-t-il ajouté.
Le 4 mai, le président de la République Emmanuel Macron avait pourtant indiqué que « des résultats » étaient attendus jeudi. Il avait évoqué « une étape importante », tout en reconnaissant que pour l'heure « on n'a rien de concluant ».
Cette attente déçue n'est pas la première pour Discovery. Lorsque cet ambitieux essai avait été lancé le 22 mars, les premières réponses étaient espérées en quelques semaines. Puis la Pr Florence Ader, qui pilote le projet, avait prévenu qu'il faudrait attendre « au moins la fin » avril pour les « premières tendances ». Là encore, un rendez-vous manqué.
Les inclusions européennes freinées par des difficultés réglementaires
Le nœud du problème est le trop faible nombre de patients enrôlés : pour l'instant, 750 patients sont inclus dans cette étude, quasi uniquement en France, alors que l'objectif était d'en recruter 3 200 en Europe. Initialement, au moins sept pays dont le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne ou la Belgique avaient annoncé leur participation. Dans les faits, seul « un patient» a été inclus hors de France, au Luxembourg, a reconnu la Pr Ader le 6 mai lors d'une audition par le Sénat. Les chercheurs ont perdu plus de temps qu'anticipé « pour comprendre les circuits de gestion réglementaires d'un pays à un autre », alors qu'en France, la conception du protocole et les autorisations s'étaient faites en un temps record, a expliqué la chercheuse.
Pas de molécule miracle
Les quatre traitements évalués n'étant pas des molécules ciblant spécifiquement le nouveau coronavirus mais des médicaments déjà existants « repositionnés », on s'attend à ce qu'ils aient une efficacité « partielle ». Or « plus les molécules sont partiellement efficaces, plus il faut de patients dans les essais » pour pouvoir déterminer de façon fiable s'ils apportent un réel bénéfice, a-t-elle ajouté.
« Ce ne sont pas des molécules miracle, mais des molécules d'appui qui, si elles sont prescrites au bon moment et à la bonne population peuvent être utiles », veut croire le Pr Yazdanpanah, qui coordonne le réseau REACTing, un consortium de recherche sur les maladies infectieuses émergentes.
avec AFP
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