Des chercheurs italiens attirent l’attention sur les risques de santé associés au culturisme de compétition. Leur étude s’intéressant à plus de 20 000 culturistes masculins du monde entier décèle un surrisque de mort subite, notamment d’origine cardiaque, chez ces athlètes, et particulièrement les professionnels.
L’article de recherche publié dans l’European Heart Journal dénonce également les lacunes éducatives au sujet des drogues et l’insuffisante fermeté des mesures anti-dopage dans ce sport, ainsi que le manque de considération pour la santé mentale. Pour la clinique, les auteurs suggèrent « un dépistage et des conseils cardiovasculaires proactifs dans cette population, même chez les jeunes athlètes apparemment en bonne santé ».
« Jusqu'à présent, aucune étude n'a fait état de l'incidence des décès et des morts subites dans cette discipline sportive », expliquent les auteurs. S’ils se sont tout d'abord intéressés aux hommes, ils travaillent désormais à une étude similaire portant sur les femmes culturistes.
Une moyenne d’âge au décès de 45 ans
L’équipe a identifié dans les registres de l’International Federation of Bodybuilding and Fitness (IFBB) 20 286 culturistes masculins ayant participé à au moins l’une de ses compétitions officielles entre 2005 et 2020. Pour chaque athlète, les auteurs ont réalisé une recherche internet standardisée pour retrouver les avis voire les constats de décès et, ce, en cinq langues. Les décès recensés ont ensuite été recoupés à l'aide de plusieurs sources avec une analyse par deux cliniciens afin d'établir, dans la mesure du possible, la cause du décès.
Ainsi, les chercheurs comptabilisent 121 décès sur la période dont 73 étaient considérés comme des « morts subites » avec 46 morts cardiaques subites, faisant d’elles la première cause de décès (38 %). L'âge moyen au moment du décès était de 45 ans. Parmi les cas de mort cardiaque subite, 11 étaient des athlètes « professionnels » âgés en moyenne de 34,7 ans. Les auteurs concluent donc à un risque de mort subite cardiaque cinq fois plus élevé chez les culturistes professionnels par rapport aux amateurs (HR = 5,23).
Régimes drastiques et produits dopants
Pour cinq décès de professionnels, les auteurs ont pu accéder aux rapports d’autopsie qui révèlent quatre cas d’épaississement du ventricule gauche et de cardiomégalie, et trois cas de maladie coronarienne. Dans trois cas sur cinq, les analyses toxicologiques et les rapports ont également révélé un abus de substances anabolisantes. « Le culturisme implique plusieurs pratiques susceptibles d'avoir un impact sur la santé, telles que l'entraînement de force extrême, les stratégies de perte de poids rapide, y compris les restrictions alimentaires sévères et la déshydratation, ainsi que l'utilisation généralisée de différentes substances destinées à améliorer les performances. Ces approches peuvent exercer une pression importante sur le système cardiovasculaire, augmenter le risque d'irrégularité du rythme cardiaque et entraîner des modifications structurelles du cœur au fil du temps », décryptent les auteurs.
Environ 15 % des décès ont été classés dans la catégorie des « morts traumatiques soudaines », dont accidents de voiture, suicides, meurtres et overdoses. « Ces résultats soulignent la nécessité de s'attaquer à l'impact psychologique de la culture du bodybuilding. Ces problèmes de santé mentale s'aggravent parfois avec l'abus de substances et peuvent augmenter le risque de comportements impulsifs ou autodestructeurs », détaillent les auteurs. Enfin, ils interpellent sur le nombre de décès par insuffisance rénale/multiviscérale (4,1 %), pointant du doigt « l’apport élevé en protéines combiné à la perte de poids et à la déshydratation, parfois conséquente à la prise de diurétiques ».
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