« Des fins de vie vivantes », celles de onze personnages, d’âges, de sexes ou de milieux différents. Onze personnages qui peuvent se croiser à travers onze nouvelles, mais qui sont surtout reliés par la plume qui les a fait naître, celle du Dr Françoise Limiñana (photo). Dans son premier roman « Jusqu’à devenir … » cette généraliste de Montpellier voulait parler de la fin de vie, porter un regard différent sur les patients mais en évitant une trop grande dramatisation « J’ai voulu sortir du cliché et également conserver une forme littéraire que ce soit poétique. Parce que dans nos accompagnements, même dans les moments difficiles, on vit parfois des moments extrêmement beaux et de poésie ».
Poser un regard différent
Françoise Limiñana est aujourd’hui médecin coordonnateur d’ « Home santé » un service d’hospitalisation à domicile sur Montpellier où elle fait essentiellement des soins palliatifs. A travers cet ouvrage, la généraliste de 52 ans a voulu donner la parole aux patients « Je me suis demandée à quoi ils pensaient, leur avis sur nos soins. J’ai aussi voulu imaginer des choses. J’ai créé ces personnages même s’ils sont nourris de faits vécus au cours de ma carrière ». Pour le Dr Limiñana, ce livre est aussi une démarche engagée. « Pour 80% des politiques qu’on entend parler sur la fin de vie, cela signifie mourir très vieux et à l’hôpital, alors que ce n’est pas que ça. » Le dernier personnage du livre, Emilia, n’a que deux jours. « Dans le livre mes personnages montrent également que c’est difficile mais qu’on peut mourir comme on l’a choisi, comme on a envie. Ce serait bien de mettre en place ça dans notre société. En France c’est un débat qui doit avoir lieu, nous sommes très en retard sur la fin de vie ».
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Du cabinet aux planches
Pour Françoise Limiñana prendre la plume est une évidence. Elle en a fait usage depuis des années tout au long de son parcours. Un parcours loin d’être linéaire. Après neuf ans d’exercice libéral en cabinet, la généraliste décide de retourner vers un des ses premiers amours, la musique. De 1999 à 2009, elle écrit, des chansons, des nouvelles mais surtout du théâtre musical. Pendant ces dix ans elle monte plusieurs pièces. On retrouve dans ses créations une sensibilité médicale. L’image du corps, les souffles de la vie à la mort font partie des thèmes qui y sont abordés. En 2009 elle écrit « Céleste, petite vieille toute jolie », un spectacle sur la vieillesse « Ça m’a fait réaliser que le soin me manquait, ça a été le déclic pour repartir là dedans » explique-t-elle. « Je suis revenue avec une ouverture aux autres plus grande. Et en soins palliatifs il faut parfois une capacité d’improvisation et ne pas avoir peur. Cette expérience humaine m’aide énormément dans mon métier ».
L’écriture au cœur du soin
Elle reprend alors une formation, un DIU en « Accompagnement et Soins Palliatifs ». Son mémoire de fin d’études lui donne l’opportunité d’explorer l’importance de l’écriture dans l’exercice du médecin. « Pour un médecin il y a l’écriture fonctionnelle pour tenir un dossier, l’écriture sensible correspond à tout ce que peut amener en plus dans le dossier sur les états d’âmes du patient notamment et l’écriture créative ». Le docteur Limiñana va se concentrer sur l’intérêt de l’écriture sensible : « Ça a son importance, ça permet d’être encore plus à l’écoute du patient. C’est une manière de prendre en charge les états d’âme du patient et aussi du soignant ». La généraliste défend l’importance de cette démarche « Aujourd’hui on est parfois dans une écriture plus stéréotypée avec moins d’âme. Mais ce travail est important quand on est soignant. C’est la mémoire de nos rencontres. Les paroles s’envolent si rien n’est écrit ».
François Limiñana, elle, prend plaisir à aller encore plus loin avec l’écriture créative. Au Congrès de la SFAP (Société Française d’Accompagnement en Soins Palliatifs) à Montpellier, du 18 au 20 juin, elle lira certains de ses textes, des extraits de son ouvrage. Une manière comme elle le dit de « s’embarquer dans une fin de vie qui ne laisse pas un goût amer ».
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