Plus de 450 cas et 110 morts en Arabie Saoudite, quelques dizaines de cas dans les pays voisins, au moins trois malades potentiels aux états-Unis, etc… Depuis le début de l’année, l’activité du MERS-CoV (ou coronavirus à l’origine du Middle East Respiratory Syndrome) semble s’être accélérée avec de plus en plus de sujets touchés et de pays concernés.
Faut-il pour autant s’inquiéter et craindre une flambée de la maladie ? À l’issue de sa réunion exceptionnelle de mardi, l’Organisation mondiale de la Santé n’a pas déclaré « l’état d’urgence de santé publique » mais a fait part de sa « préoccupation ». Pour leur part, les infectiologues français semblent pour le moment dans l’expectative.
Fièvre et toux
« Il y a clairement une augmentation continue du nombre de cas mais cela reste dans des proportions qui n’ont, a priori, rien de dramatique », tempère le Pr Eric Caumes, président du Comité des maladies liées aux voyages et des maladies d'importation (CMVI). Tout en reconnaissant que, contrairement au SRAS « qui avait disparu comme il était arrivé », le MERS-CoV semble vouloir s’installer. « Cela fait maintenant trois ans que ce virus est apparu et il va falloir apprendre à vivre avec », estime l’infectiologue parisien.
Dans ce contexte, « il faut que la vigilance soit maintenue de manière certaine ». Tant au niveau des autorités que sur le terrain. « Toute association de toux et fièvre survenant dans les quatorze jours après un séjour dans le Golfe Persique, et plus particulièrement, en Arabie Saoudite, doit faire évoquer le coronavirus », indique le Pr Caumes. Même si, clairement, « la coqueluche ou la grippe sont des causes bien plus fréquentes de fièvre et toux au retour d’un voyage, y compris dans ces pays ». D’autres symptômes peuvent être présent avec notamment des troubles digestifs (diarrhées, vomissements ou douleurs abdominales) dans environ 35% des cas.
Concernant le profil des patients atteints, une étude du Lancet Infectious Diseases suggère que le MERS-CoV toucherait plus volontiers des patients ayant déjà un terrain pathologique : diabète (68%), HTA (34%), cardiopathie chronique (28%), insuffisance rénale chronique (49%). « Mais en fait on n’en sait rien », tempère le Pr Caumes.
Isoler et alerter
En pratique, toute suspicion d’infection à MERS-CoV « doit amener à isoler le malade (même si pour le moment la transmission interhumaine du virus reste faible) et alerter », quitte à le faire pour rien. à ce titre, les dernières recommandation du HCSP de juin et octobre 2013 « sont toujours d’actualité ».
Concernant le traitement, des essais encourageants avaient été effectués chez l’animal avec l’association interféron-ribavirine, mais les résultats chez l’homme n’ont pas suivi. Et, pour le moment, « nous ne disposons d’aucun traitement ». Avec, à la clé, une mortalité qui reste très élevée « de l’ordre de 50% pour les formes symptomatiques ».
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