Chez les patients à risque de régurgitations ou d’insuffisance valvulaires, « les fluoroquinolones par voie systémique et inhalée ne doivent être utilisées qu'après une évaluation approfondie des bénéfices et des risques et après avoir envisagé d’autres options thérapeutiques ».
Dans une note diffusée ce jeudi, l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) alerte sur les risques d'atteinte valvulaire liés aux fluoroquinolones et invite à limiter au maximum leur prescription chez les patients à risque. Soit notamment, les sujets porteurs de pathologies favorisant la survenue de régurgitation ou d’insuffisance valvulaire comme les maladies congénitales ou préexistantes des valves cardiaques, les affections du tissu conjonctif (type syndrome de Marfan ou d'Ehlers-Danlos par exemple), le syndrome de Turner, la maladie de Behçet, l'HTA, la polyarthrite rhumatoïde et l'endocardite infectieuse.
En cas de prescription, « il doit être conseillé aux patients de consulter immédiatement en cas de dyspnée aiguë, d’apparition de palpitations cardiaques ou de développement d'un œdème de l'abdomen ou des membres inférieurs ».
Un risque de régurgitation valvulaire multiplié par deux
Cet appel à la prudence fait suite à une étude épidémiologique récente ayant mis en évidence une augmentation du risque de régurgitation mitrale et aortique (x2 environ) chez les patients sous fluoroquinolones par voie systémique par rapport à ceux prenant d'autres antibiotiques (amoxicilline ou azithromycine).
Par ailleurs, « plusieurs cas médicalement confirmés de régurgitation/insuffisance d’une valve cardiaque ont été rapportés chez des patients recevant des fluoroquinolones, avec un lien de causalité probable ou possible », rapporte l’agence du médicament.
Dégradation du collagène
Cette atteinte valvulaire pourrait s’expliquer par une dégradation du tissu conjonctif associée aux fluoroquinolones, comme le suggère une étude in vitro. Dans ce travail, l'exposition à la ciprofloxacine de myofibroblastes aortiques provenant de patients atteints de pathologies aortiques entraînait une dégradation du collagène.
Ce mécanisme avait également été suggéré dans la survenue des affections des tendons et de l'aorte associées aux fluoroquinolones.
Des indications déjà restreintes
Fin 2018, l’ANSM avait en effet déjà pointé un risque d'anévrisme et de dissection aortiques associé aux fluoroquinolones. En 2019, l’agence européenne du médicament avait à son tour tiré la sonnette d’alarme, « en raison d’un risque d’effets indésirables graves, durables, invalidants et potentiellement irréversibles, affectant principalement le système musculo-squelettique et le système nerveux ». Après réévaluation, l’EMA avait appelé à réserver ces antibiotiques « aux infections pour lesquelles l’utilisation d’un antibiotique est indispensable et où d’autres antibiotiques ne peuvent pas être utilisés ».
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