Médicament, souveraineté sanitaire : le Leem dévoile son plan stratégique

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Publié le 30/01/2024
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De gauche à droite à la tribune : Laurence Peyraut, directrice générale et Thierry Hulot, président du Leem

De gauche à droite à la tribune : Laurence Peyraut, directrice générale et Thierry Hulot, président du Leem
Crédit photo : Crédit : Leem

À l’occasion de ses vœux ce mardi 30 janvier, le Leem (Les industries du médicament) a présenté son plan stratégique pour les trois ans à venir (2024/2026).

Dans un contexte de tensions persistantes sur certains médicaments, en particulier dans l’approvisionnement de l’amoxicilline – l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) déploie un plan hivernal pour combattre les pénuries – le syndicat de l’industrie pharmaceutique prend le taureau par les cornes. Il exprime sa volonté d’élargir le système d’information de gestion des stocks (TRACstocks) à d’autres acteurs de la chaîne pharmaceutique, comme les grossistes répartiteurs. « Nous sommes prêts à la mise en œuvre », insiste Thierry Hulot, président du Leem, par ailleurs président des activités du groupe Merck en France. Quant à l’application de la charte d’engagement signée en mai 2023 en vue d’appliquer les bonnes pratiques pour tous les acteurs de la chaîne – qui cible la liste des médicaments essentiels – le syndicat demande à fluidifier l’information entre laboratoires, grossistes, pharmacies et prescripteurs. « Depuis la signature, il ne s’est rien passé », regrette-t-il. « Un médecin qui prescrit doit savoir immédiatement si un médicament est disponible ou pas », a-t-il recadré. Déplorant ensuite le manque de pilotage de cette charte, le Leem souhaite que toutes les parties prenantes se mettent autour de la table chaque mois, avec l’État comme arbitre.

New deal

Autre regret exprimé par le Leem, la mission Borne – qui avait rendu un rapport en août 2023 en faveur d’un new deal pour une réforme de la politique du médicament – a rendu des propositions jugées intéressantes concernant l’accès, la régulation et le financement des produits de santé. Mais là encore, « rien n’a été fait depuis lors. Nous serons force de proposition », indique Thierry Hulot.

Concernant le circuit du médicament, le syndicat patronal souhaite mettre l’accent sur l’amélioration de la qualité de l’information dans le dossier pharmaceutique et au niveau des logiciels de prescription des médecins. Cela rejoint une autre piste, à savoir un plan d’action sur le bon usage des médicaments, avec une attention particulière pour les personnes âgées polymédicamentées, la lutte contre l’antibiorésistance et la réalisation d’économies, soit 300 millions d’euros.

Prix trop bas ?

Côté prix, alors que nombre de PME du secteur sont dans une situation financière très compliquée, un tiers des médicaments essentiels ont un prix unitaire inférieur à 0,25 euro. Ce qui positionne les prix « 15 à 30 % moins chers » par rapport aux autres pays européens dans cette catégorie de produits. Cette situation de prix jugés trop bas est à mettre en relation avec les taxes sectorielles qui concernent 60 % des bénéfices, illustre le président du Leem. « La France est le pays le plus taxé d’Europe », résume-t-il. Le syndicat publiera prochainement une étude comparative des impôts sur les prix des produits de santé en Europe.

Alors que la France importe 95 % des molécules, Laurence Peyraut, nouvelle directrice générale du Leem, appelle à investir dans la recherche pour relocaliser une partie de sa production. Sur le volet de la recherche clinique, l’objectif du syndicat est aussi d’augmenter la participation de la France aux essais multinationaux « de 25 % » pour doper son attractivité. Autre requête récurrente : réduire à 100 au lieu de 160 le nombre de jours nécessaire pour mettre en place les essais. Le syndicat ajoute qu’il manque toujours du personnel dans les hôpitaux pour piloter les essais cliniques. Le Leem annonce enfin la publication cette année d’une analyse prospective des innovations thérapeutiques à venir (Horizon scanning).

Enfin, au chapitre de la responsabilité au niveau social, sociétal et environnemental, le président du Leem appelle toutes les entreprises à intégrer d’ici à 2026 le plan d’engagement sociétal des entreprises du médicament (Pactes) qui recense déjà 40 laboratoires volontaires.


Source : lequotidiendumedecin.fr