Coup de théâtre, le lundi 20 mai au soir, la cour d'appel de Paris saisie par les parents de Vincent Lambert a ordonné le rétablissement des soins (dont l'arrêt avait été initié le même jour par le CHU), jusqu'à ce que le Comité international des droits des personnes handicapées de l'Onu ait rendu son avis. La France avait validé l'arrêt des traitements, mentionnant le caractère non contraignant du comité et mettant en avant le droit du patient à ne pas subir d'obstination déraisonnable. Cette décision provisoire de reprise de soins ne durera que six mois, le temps que le Comité rende son avis. L'hôpital où se trouve Vincent Lambert avait déjà lancé puis stoppé deux procédures d'arrêt des soins, l'une portée par le Dr Eric Kariger en 2013, l'autre par son successeur, le Dr Daniela Simon en 2015. Cette fois, la décision médicale d'arrêt des soins avait été signée par le Dr Vincent Sanchez* en avril 2018, soutenue par une partie de la famille dont l'épouse, Rachel Lambert et validée par le Conseil d'Etat fin avril. Jusqu'à présent, tous les recours déposés par les parents de Vincent Lambert avaient échoué, mais leur avaient permis de gagner du temps. Désormais, les parents, Viviane, 73 ans et Pierre, 90 ans, qui ont reçu le soutien de la communauté catholique et qui estiment que leur fils est handicapé, souhaiteraient le voir transféré dans un établissement spécialisé. La polémique a encore franchi une étape supplémentaire dans cette affaire. D'un côté les partisans de l'arrêt des traitements : d'abord, Jean Leonetti (LR), un des deux pères de la loi sur la fin de vie, a réagi et expliqué que ce cas « s'inscrit bien dans le cadre de la loi ». Le président du CCNE, le Pr Jean-François Delfraissy interviewé sur France Inter mardi 21 mai ne pense pas que dans ce dossier on puisse prononcer le mot euthanasie : « Il ne s'agit pas d'un arrêt mais d'une modulation des soins, avec un arrêt des perfusions et de l'alimentation mais une poursuite des soins quotidiens. » Pour sa part, Jean-Luc Romero (Association Droit à mourir dans la dignité) a déploré un acharnement des parents, Vincent Lambert se retrouvant « au milieu d'une affaire qui le dépasse ». De l'autre côté, le maintien des soins est requis par les parents et une partie de la famille de Vincent soutenus par l'Eglise. Quant à Emmanuel Macron sollicité par ces derniers, il a déclaré ne pas aller à l'encontre de décisions de justice. Et « ne peut simplement donner sa grâce à un condamné, ce qui est très différent de ce que les parents [de Vincent Lambert] demandent, expliquait Nathalie Loiseau, tête de liste Renaissance ». Le chef de l'Etat a refusé d'intervenir : « Sur cette question qui touche à la part intime de chacun, il n'y a aucune réponse simple ou univoque. Seulement des incertitudes et déchirements ».
* Diplômé de médecine générale et de gérontologie, titulaire d'un diplôme interuniversitaire en soins palliatifs, le Dr Sanchez exerçait de 2002 à 2017 en tant que gériatre à l'hôpital Robert-Pax de Sarreguemines.
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