La Société Française de Dermatologie (SFD) vient de publier un avis alertant sur le fait que les traitements antipoux sont devenus un marché commercial important, « échappant à l'évaluation thérapeutique sérieuse de certains produits et certaines stratégies thérapeutiques utilisés. » Le groupe d'experts de la SFD, membre du Groupe Infectiologie dermatologique et Infections Sexuellement Transmissibles (GR/IDIST), insiste aussi sur le foisonnement de produits disponibles vendus en pharmacie ou non et celui de centres privés dédiés aux traitements des poux qui rend le choix des patients potentiellement « hasardeux ».
Favoriser les insecticides ou l'élentage
Les experts rappellent les règles de bonne pratique. En préambule, seuls les sujets véritablement infestés, à savoir porteurs de poux vivants, doivent être traités, idéalement simultanément (famille, classe ...).
Les insecticides ont acquis le statut de médicament antiparasitaire et disposent donc d'une AMM, mais ne sont pas remboursés par la Sécurité Sociale dans cette indication. Le malathion a été retiré du marché en 2018 au vu de ses risques. Les pyrèthres sont disponibles, mais associés à une possible résistance.
La diméthicone est considérée comme un dispositif médical et non comme un médicament, et à ce titre est soumis à moins d'exigence réglementaire. Tout comme les huiles essentielles, ces produits ont une moindre efficacité et les risques mal évalués.
L'ivermectine per os à double dose devrait être d'utilisation exceptionnelle et prescrite uniquement dans les cas de résistances avérées. En utilisation locale, l'ivermectine n'a pas d'AMM dans cette indication et son usage intempestif pourrait favoriser la résistance.
L'élentage répété après la mise en place d'un démêlant constitue une technique de référence en Angleterre, le « Bug Busting ». Une source de chaleur y est parfois associée. Cette technique nécessite une excellente observance car l'efficacité est corrélée à sa répétition quotidienne pendant plusieurs jours.
Trop d'enjeux financiers et bien peu d'évaluations
Pour l'heure, l'absence de comparaison directe entre les produits et dispositifs, rend compliqué le choix des solutions thérapeutiques.
« C'est dans ce contexte que fleurissent les entreprises fabriquant des produits antipoux - non évalués pour l'essentiel avec la rigueur méthodologique des médicaments — et des salons antipoux et lentes. Ils surfent sur le dégoût des familles pour ces parasites, la population touchée essentiellement pédiatrique, l'absence de prise en compte sérieuse de la pédiculose du cuir chevelu par les autorités de santé et les médecins (...) et la facilité d'accès aux « traitements » proposés, souvent avec un marketing poussé en rapport avec les enjeux financiers », avertissent les experts de la SFD. Ils regrettent l'absence en France de Centre national de références « Ectoparasitoses » pour la surveillance épidémiologique et parasitologique des poux.
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