A l’occasion de la semaine de la vaccination lancée hier, la DGS vient de diffuser le calendrier vaccinal 2017. La nouvelle feuille de route renforce la vaccination contre le méningocoque C, simplifie la vaccination anti-pneumococcique de l’adulte, valide l’utilisation du vaccin anti-HPV chez les jeunes homosexuels et redéfinit les règles de vaccination pour le BCG chez l’enfant.
Vaccination contre le méningocoque C : primovaccination dès 5 mois
Le programme de vaccination mis en place en 2010 est un échec puisque l’incidence de l’infection par le méningocoque C n’a pas diminué en France et a même augmenté chez les nourrissons de moins d’un an. Ainsi, le HCSP avait-il recommandé de ne pas vacciner les enfants avant cet âge, pour ne pas surcharger le calendrier vaccinal, en supposant qu’ils seraient protégés par l’immunité de groupe obtenue en vaccinant les enfants à partir d’un an, les adolescents et les adultes jeunes. Cette stratégie vaccinale a parfaitement marché aux Pays-Bas. « Mais la couverture vaccinale y est supérieure à 90 %, alors que chez nous c’est une catastrophe, relève le Pr Daniel Floret, ancien président du Comité technique des vaccinations et vice-président de la nouvelle commission. Elle est aux alentours de 70 % pour les nourrissons, mais plus on monte en âge et plus la couverture baisse (32 % chez les 10-14 ans, 23 % chez la 15-19 ans et seulement 6,6 % chez les 20-24 ans). Il est impossible dans ces conditions d’avoir une immunité de groupe et nous avons décidé d’ajouter une primovaccination à 5 mois, suivie d’un rappel à un an. C’est une mesure que l’on espère transitoire, en attendant que des taux de vaccination corrects soient atteints ».
Autre changement : le vaccin tétravalent contre les méningocoques de type A, C, Y et W peut dorénavant être prescrit dès l’âge de 6 semaines.
Pneumocoque : même schéma vaccinal pour tous les adultes à risque
En revanche le taux de couverture vaccinale des nourrissons contre le pneumocoque est excellent, aux alentours de 95 %, permettant une immunité de groupe, qui a entraîné une baisse des infections invasives à pneumocoques dans toutes les tranches d’âge, y compris chez les personnes âgées. Le vaccin est recommandé pour tous les enfants de moins de deux ans et pour les personnes ayant des facteurs de risque particuliers. Fallait-il étendre la vaccination à toutes les personnes âgées, comme le font certains pays ? La question méritait d’être posée depuis que l’AMM du vaccin conjugué 13-valents (Prévenar 13), plus immunogène, a été étendue aux adultes. Après analyse des nouvelles données apportées par l’étude Capita et par des études médico-économiques indépendantes, le groupe de travail a choisi de continuer à recommander la vaccination uniquement pour les nourrissons et les groupes à risque.
Le groupe de travail a également souhaité simplifier la vaccination en adoptant un schéma unique pour les immunodéprimés et les autres groupes à risque : une dose de vaccin conjugué 13-valent, puis, après 8 semaines, une dose de vaccin non conjugué 23 valent (Pneumo23), pour augmenter la couverture sérotypique.
Au bout de 5 ans, le vaccin non conjugué 23 valent n’a plus d’effet protecteur. Cependant la revaccination n’était pas recommandée dans le calendrier 2016, en l’absence de données prouvant qu’elle restaure la protection. Dans l’attente de résultats complémentaires, le calendrier 2017 précise que les personnes vaccinées par Prévenar 13, puis Pneumo23 pourront être revaccinées une fois par Pneumo23, à condition de respecter un intervalle de 5 ans entre les deux doses. En effet une revaccination plus précoce entraîne un risque élevé d’effets indésirables, heureusement mineurs (réactions locales, fièvre…).
Papillomavirus : la vaccination des jeunes homosexuels recommandées
Le groupe de travail s’est aussi interrogé sur la vaccination des garçons, mais n’a pas retenu cette option, préférant mettre l’accent sur la vaccination des filles, actuellement en échec. « Il a été bien démontré en Australie que la vaccination des jeunes filles, avec des taux supérieurs à 90 %, protège les garçons », souligne le Pr Floret. La France en est loin : moins de 14 % des jeunes filles de 16 ans avaient reçu les trois doses de vaccins en 2015. En revanche la vaccination est dorénavant recommandée, jusqu’à l’âge de 26 ans, chez les hommes ayant des rapports avec des hommes, pour prévenir les cancers anaux. « Le problème qui va se poser est celui du remboursement, car l’assurance maladie ne peut avoir connaissance des orientations sexuelles, remarque le Pr Floret. Nous recommandons la vaccination dans les centres publiques de vaccination, notamment dans les CeGIDD ». Rappelons que les vaccins anti- HPV n’ont pas actuellement d’AMM pour la prévention des cancers ORL, en l’absence d’études démontrant leur effcacité péventive.
Chez les jeunes filles et les jeunes femmes non vaccinées antérieurement, le HCSP recommande d’initier la vaccination par GARDASIL 9®
Plus de BCG avant l’âge d’un mois
L’incidence de la tuberculose est basse en France (7 cas pour 100 000 habitants en 2015) et baisse régulièrement. Cela a amené les experts à reconsidérer le risque de BCGite généralisée chez les enfants ayant un déficit immunitaire combiné sévère, rarement diagnostiqué à la naissance. Actuellement 3 ou 4 cas de BCGite généralisée sont recensés chaque année en France. « Une étude multicentrique internationale a montré très clairement que lorsqu’on vaccine après l’âge d’un mois il y a deux fois moins de BCGites généralisées et deux fois moins de décès liés à cette complication, observe le Pr Floret. Donc notre recommandation est de ne vacciner qu’à partir de l’âge d’un mois, en sachant que le nombre de cas de tuberculose précoce est très faible en France ». Cette recommandation ne s’applique pas à la Guyanne et à Mayotte, où la vaccination à la maternité reste la règle, car il est parfois difficile de vacciner les enfants après la sortie. La vaccination à la maternité est également recommandée en cas de tuberculose dans l’entourage proche du nouveau-né.
Par ailleurs, la pratique d’un test tuberculinique avant le BCG n’est plus recommandé chez les enfants de moins de 6 ans, sauf s’ils ont résidé ou effectué des séjours de plus d’un mois dans des régions de forte incidence.
Enfin, signe des temps, le calendrier comporte un nouveau chapitre sur les problèmes d’approvisionnement, qui concernent actuellement le BCG, certains vaccins contenant la valence coquelucheuse, le vaccin contre l’hépatite A et le vaccin contre l’hépatite B.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque