La prévention n'est plus le parent pauvre de la santé, démontre le baromètre santé 360 réalisé par Odoxa, pour la Chaire Santé de SciencesPo, Nehs*, le Figaro Santé et France info. Quelque 2 002 Français représentatifs de la population française ont été interrogés par internet en juin 2019 ; ainsi que 976 professionnels de santé hospitaliers (infirmiers, aides-soignants, et cadres) et 256 médecins, dont 151 hospitaliers.
La majorité des Français (80 %) se déclare attentive à la préservation de sa santé ; 70 % se sentent bien informés et estiment avoir les bons comportements - dont 63 %, « le plus souvent » et 8 %, « systématiquement ». Ils les appliqueraient encore plus assidûment s'ils avaient davantage de moyens financiers et de temps, déclarent-ils. L'idée qu'il est plus efficace d'améliorer la prévention pour avoir une population en bonne santé, plutôt que renforcer le curatif, s'impose auprès de 57 % des Français et 88 % des médecins.
Des soignants relais de la prévention
Le rôle des soignants dans la connaissance et la mise en pratique de la prévention s'avère crucial : 69 % des Français disent avoir été sensibilisés par un professionnel de santé (36 % citent le médecin traitant), et 85 % des médecins indiquent avoir conseillé leur patient en matière de prévention.
En revanche, les Français semblent faire peu de cas du rôle des campagnes officielles d'information (seulement 11 % les citent comme vecteur de prévention). Mais en réalité, les comportements qu'ils disent adopter sont ceux promues par les autorités : plus de 80 % évoquent une moindre consommation de sel et de sucre, une plus grande consommation de fruits, de légumes, et d'eau, ou encore la pratique d'une activité sportive.
Le succès de la politique gouvernementale de lutte contre le tabagisme se confirme : 77 % des médecins placent le sevrage comme mesure prioritaire de prévention, 57 % à 58 % des Français disent limiter voire arrêter leur consommation de tabac.
Par ailleurs, les Français sont moins hostiles qu'on pourrait s'y attendre aux mesures coercitives (limitation de la vitesse, hausse du prix du tabac) : près de 60 % pensent qu'on ne peut s'en tenir à de l'incitatif.
Des politiques méconnues, mais une aspiration à un autre modèle économique
Autres signes de l'ambivalence des Français à l'égard des autorités : la majorité considère que la prévention occupe une place importante dans les politiques de santé, mais seulement 51 % ont entendu parler du plan « Priorité prévention » présenté en mars 2018 par Agnès Buzyn (seulement 31 % des médecins le connaissent !), et 46 % connaissent l'existence du service sanitaire (et 37 % des médecins).
Pour développer la prévention, six Français sur dix plébiscitent les outils numériques. Ils sont aussi plus de 80 % à se dire favorables à une autre rémunération des soignants, qui leur permettent de consacrer plus de temps à la prévention ; mais ils s'opposent à 60 % à ce que des acteurs privés prennent le relais.
Enfin, le baromètre Odoxa met en lumière les principaux enjeux que doivent relever les politiques de santé en matière de prévention : toucher les jeunes, et réduire les inégalités sociales de santé. Que ce soit en termes de connaissance de la prévention, de la propension à la mettre en pratique, ou du recours à des consultations préventives, les populations défavorisées économiquement et scolairement sont à la peine (ce que reflètent des écarts d'au moins dix points entre les réponses des différents groupes sociaux).
*Actionnaire du Groupe profession Santé, auquel le « Quotidien du médecin » appartient.
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