« On a dépisté beaucoup de patients atteint d’hépatite C grâce au dépistage ciblé mais je crois que l’on est arrivé au bout de cette stratégie. Et désormais la plupart des diagnostics – environ les 2/3 – sont le fait de découvertes fortuites. » à l’occasion du 7e congrès « Paris Hépatitis Conference » (13-14 janvier 2014), son président, le Pr Patrick Marcellin, a souligné les limites du dépistage ciblé en matière d’hépatite C et évoqué la possibilité d’un repérage systématique en population générale.
En France, les recommandations actuelles préconisent de centrer les efforts sur les sujets à risque : patients ayant reçu des produits sanguins avant 1998, usagers de drogues même ponctuels, malades ayant subi des gestes invasifs, hémodialysés, sujets incarcérés ou l’ayant été, personnes VIH+, sujets ayant reçus des soins dans un pays de forte prévalence du VHC, personnes ayant réalisé des séances de tatouage, piercing, acupuncture ou mésothérapie sans matériel à usage unique et enfin patients ayant des ALAT élevée.
Une stratégie mal suivie
Si cette stratégie s’est montrée payante, « elle est mal suivie » et, actuellement, près de 90 000 individus VHC+ ignoreraient leur statut sérologique. Dans ce contexte, « pourquoi ne pas généraliser le dépistage et le proposer une fois dans la vie », s’interroge le Pr Marcellin. Pour les hépatologues, « toutes les conditions sont réunis pour aboutir à un dépistage systématique des hépatites B et C en médecine générale, dans une tranche d’âge qui reste à définir ».
Les Américains et les Canadiens ont déjà franchi le pas. La France pourrait suivre assez rapidement puisqu’un rapport sur l’hépatite C, initié à la demande de la ministre de la Santé, devrait « revoir les stratégies de dépistage », indique le Pr Daniel Dhumeaux, président du Comité national du plan de lutte contre les hépatites virales.
L’élargissement du dépistage se justifie d’autant plus que « dans un avenir proche, presque tous les malades pourront être guéris ». De fait, alors que pendant 15 ans la bithérapie pégylée (interféron ribavirine) est restée la pierre angulaire du traitement – avec environ 50% de guérison tous génotypes confondus – la donne est en train d’être bouleversée. Déjà en 2012, la commercialisation des premiers inhibiteurs de protéase (boceprévir, telaprévir) avait permis d’améliorer le pronostic des malades de génotype 1.
L’année 2014 s’annonce encore plus prometteuse avec l’arrivée des premiers DAA (Direct Acting Antiviral Agents). Plus efficaces, pangénotypiques, très bien tolérés, ces nouveaux venus pourraient permettre de s’affranchir à terme de l’interféron,voire de la ribavirine, s’enthousiasme le Pr Raymond Schinazi (Atlanta).
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