Alors que pour l’hépatite C l’éradication de la maladie est à portée de main, les choses semblent plus compliquées pour l’hépatite chronique B. Même si de timides espoirs de guérison se profilent pour certains patients comme l’ont laissé entendre plusieurs spécialistes lors de la 8th Paris Hepatitis Conférence.
En fait, « les deux infections sont difficilement comparables » indique le Dr Nathalie Boyer (Paris). Premier constat, du fait de modes de transmission différents, l’hépatite B est davantage contagieuse, ce qui complique une éventuelle éradication.
Mais surtout, alors que le VHC est un virus à ARN, le VHB est un virus à ADN qui s’intègre dans le génome des cellules hépatiques et devient ainsi difficilement délogeable. Les stratégies thérapeutiques actuelles permettent de stopper la multiplication du virus et d’obtenir une virosuppression mais celle-ci s’amende dès que le traitement est arrêté. De plus ces stratégies ne permettent généralement pas d’obtenir la disparition de l’Antigène HBs qui signe la fin de l’infection.
La donne pourrait changer grâce à de nouvelles approches combinant antiviraux (analogues nucléosidiques et immunostimulants (interféron). Dans une étude portant sur plus de 800 patients, l’association d’emblée d’interféron pégylé et de tenofovir pendant 48 semaines a entraîné une perte significative de l’AgHBs de l’ordre de 9 %. Une stratégie fondée non plus sur l’utilisation simultanée mais sur l’ajout ultérieur d’interféron est aussi à l’étude avec de premiers résultats encourageants. Dans une petite série réalisée chez 10 malades, cette approche a permis d’obtenir une disparition de l’antigène HBs chez 6 malades, et une séroconversion HBs chez 2 d’entre eux. Chez les patients Ag HBs négatifs, les analogues ont pu être arrêtés sans rechute, ni réactivation. Ces résultats ont été validés par un essai randomisé réalisé sous l’égide de l’ANRS. Dans cette étude qui a inclus 180 malades l’ajout d’interféron à un traitement par analogue efficace depuis au moins 12 mois, a permis d’entraîner une perte significative de l’AgHBs (8 % vs 1 %). Ainsi, « se dessine une nouvelle option thérapeutique, qui permet d’observer dans un nombre encore limité de cas la guérison de l’hépatite chronique virale B » indiquent les organisateurs du congrès.
Reste que « pour le moment on est encore très loin de la guérison généralisée », tempère le Dr Boyer
Et actuellement contrairement à l’hépatite C, les espoirs d’éradication de la maladie reposent sans doute plus sur la vaccination que sur ces nouvelles stratégies thérapeutiques…
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque