Ebola : les autorités sanitaires de plus en plus inquiètes

Publié le 30/07/2014

"Cette épidémie est sans précédent, absolument pas sous contrôle et la situation ne fait qu'empirer. Concernant l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, le directeur des opérations de Médecins sans frontières est désormais très pessimiste. Dans un entretien publié mercredi par la Libre Belgique, Bart Janssens, s’est ouvert des craintes des humanitaires : "Nous sommes extrêmement inquiets de la tournure que prend la situation en particulier dans ces deux pays (Libéria et Sierra Leone, NDLR) où il y a un manque très important de visibilité de l'épidémie. Si la situation ne s'améliore pas assez rapidement, il y a un réel risque de voir de nouveaux pays touchés", a-t-il averti.

Réunion de crise en Grande-Bretagne

Face à cette épidémie, en constant développement depuis le début de l'année, les autorités sanitaires semblent elles aussi de plus en plus préoccupées. Et pas seulement en Afrique de l’Ouest. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond devait organiser mercredi une réunion de crise sur le sujet. "Pour l'instant aucun ressortissant Britannique (à l'étranger) n'a été infecté et nous sommes assez confiants sur le fait qu'il n'y a pas de cas au Royaume-Uni", a déclaré Philip Hammond sur la BBC. Le virus Ebola "constitue tout de même une menace à laquelle nous devons répondre", a-t-il ajouté, évoquant sur la chaîne SkyNews "les mesures que nous devons prendre au Royaume-Uni ou dans nos postes diplomatiques à l'étranger afin de faire face à cette menace".

Les services de la santé publique britanniques ont quant à eux informé les agents de contrôle aux frontières et le personnel des aéroports sur les symptômes de cette maladie. "Les maladies infectieuses émergentes sont un grand défi mondial. Nous devons penser aux risques et comment les gérer de la manière la plus appropriée", a déclaré Mark Walport, conseiller scientifique auprès du gouvernement, au Daily Telegraph. Un avertissement a aussi été lancé aux médecins britanniques. Les symptômes de la maladie pouvant se révéler plus de 20 jours après l'incubation. Les services de santé public (PHE) leur conseillent de "rester vigilants face aux maladies inexpliquées touchant des personnes s'étant rendues dans ces zones", a déclaré le Professeur Brian McCloskey, directeur de la santé mondiale au PHE, dans The Independent.

Risque "très faible" pour la France, selon l’INVS

En France, l’INVS rappelle que "l’OMS n’a pas, à ce jour, émis de restrictions de voyage à destination de ces pays." Et dans un point de situation publié le 29 juillet que estime "très faible" le risque d’importation du virus par le biais des voyageurs au sein de l’UE ou en France, "mais ne peut être totalement exclu". "Au vu de la situation épidémiologique actuelle, la survenue de cas d’infection par le virus Ebola à Conakry et dans le nord du pays ne modifie pas le niveau de risque pour les voyageurs à destination et au retour de pays affectés", souligne l’INVS.

A Bruxelles, une source citée par l’AFP jugeait également mercredi "infime" la probabilité que l'épidémie, touche les Etats membres."On ne peut écarter la possibilité qu'un cas parvienne en Europe, mais l'Union européenne a les moyens de dépister et de contenir rapidement l'épidémie", expliquant ce responsable européen qui citait un cas suspect qui avait été signalé à Valence, en Espagne : "Il s'est en fait avéré négatif, mais le système a fonctionné. Le malade a été isolé et le laboratoire a rapidement donné le résultat".

A Hong Kong, ville densément peuplée de sept millions d'habitants précédemment affectée par des épidémies comme le SRAS, les autorités sanitaires ont annoncé qu'elles mettraient en quarantaine tout voyageur en provenance de Guinée, Sierra Leone et Liberia ayant des symptômes de fièvre, par mesure de précaution. Pour autant, les responsables de la santé hongkongais ont indiqué que des tests menés sur une femme arrivant d'Afrique, souffrant de fièvre et de vomissements, s'étaient révélés négatifs.

Les médecins victimes de l’épidémie

Pour l’heure, l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola a fait plus de 670 morts en Afrique de l'Ouest depuis le début de l'année. Déclarée d'abord en Guinée elle affecte désormais le Liberia puis la Sierra Leone, deux pays voisins qui, au 23 juillet, totalisaient 1.201 cas selon le dernier bilan de l'OMS. Pour freiner la propagation de la fièvre hémorragique, très contagieuse et souvent mortelle, des compagnies aériennes ont interrompu leurs liaisons avec le Libéria et la Sierra Leone.

Sur place, les soignants s’avèrent particulièrement exposés. Le Dr Omar Khan, responsable médical d'un centre de traitement en Sierra Leone, est mort mardi après avoir contracté le virus. Pour sa part, le médecin américain Kent Brantly, qui a contracté le virus Ebola au Liberia où il soignait des patients touchés est dans un état stable, selon les médecins qui s'occupent de lui à Monrovia. "Il est sérieusement malade, le diagnostic est grave. Il est touché par un virus avec un très fort taux de mortalité donc le pronostic n'est pas bon, mais nous espérons tous qu'il fera partie de la proportion de malades qui survivent", a expliqué David Mcray, un médecin de Fort Worth, au Texas (sud), ami proche de Kent Brantly avec qui il parle tous les jours au téléphone. Enfin,un médecin canadien revenu samedi du Liberia, où il a passé un mois à lutter contre l'épidémie d'Ebola, est actuellement en quarantaine mais ne souffre d'aucun symptôme, a indiqué mardi l'ONG qui l'avait dépêché en Afrique. Le docteur Azaria Marthyman observe actuellement une période de confinement à son domicile de Victoria, sur l'île de Vancouver (côte Pacifique), bien qu'il n'ait pas été testé positif à Ebola.

avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr