Le taux de monocytes circulants permettrait de prédire le risque cardiovasculaire à 10 ans chez les patients ayant un diabète de type 2 (DT2), selon une étude Inserm/Université Paris Cité/CNRS. Les résultats, publiés dans Circulation Research, permettraient ainsi de dépister les individus les plus à risque pour la prévention. L’équipe dirigée par le chercheur Nicolas Venteclef à l’institut Necker-Enfants malades (AP-HP) a déposé un brevet en ce sens avec Inserm Transfert.
Identifier les patients diabétiques plus vulnérables reste difficile, alors que la prévalence des comorbidités cardiovasculaires est importante dans cette population. Les scores prédictifs actuels du risque cardiovasculaire à 10 ans intègrent les facteurs de risque tels que l’âge, le poids, le tabagisme, le taux de cholestérol…, mais cela reste peu fiable chez les patients DT2. Il est ainsi important de disposer de nouveaux marqueurs prédictifs spécifiques à cette population.
Dans ce travail, les auteurs se sont intéressés aux monocytes en raison de leur implication directe dans l’apparition et la progression de l’athérosclérose et ont évalué leur quantité mais aussi la présence de sous-types particuliers.
« Dans le cas de l’athérosclérose, les monocytes circulant dans le sang sont “recrutés” au niveau de la paroi interne des artères, est-il expliqué dans un communiqué de l’Inserm. Là, ils se différencient en macrophages, des cellules capables de capturer le “mauvais cholestérol” et de produire des molécules inflammatoires. Plus les macrophages s’accumulent, (…) plus la plaque d’athérome croît » .
Un travail sur trois cohortes
L’équipe a travaillé successivement sur trois cohortes. Leurs premières recherches menées à partir de la cohorte AngioSafe2 (n = 672) leur ont permis de constater que le taux de monocytes circulants était positivement corrélé à la présence d’athérosclérose (⍴ = 0,16), et ainsi au risque cardiovasculaire associé, indépendamment de l’âge et de la durée du diabète.
Les chercheurs ont ensuite confirmé cette corrélation avec la cohorte Glutadiab (n = 279) et sont allés plus loin en caractérisant trois sous-types de monocytes par analyse moléculaire dans les deux cohortes. Ainsi, l’endotype avec les récepteurs CD45+, CD14++ et CD16- s’est révélé à plus haut risque cardiovasculaire, par rapport à deux autres endotypes aux récepteurs différents.
À partir de là, comment utiliser ces résultats pour prédire le risque cardiovasculaire ? Afin de déterminer une valeur seuil prédictive, les scientifiques ont étudié les taux de monocytes d’une troisième cohorte, Surdiagene totalisant 757 patients suivis en prévention cardiovasculaire. En corrélant ces taux avec les cas d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral, l’équipe a pu déterminer qu’un taux de monocytes > 0,5 x 109/l était prédictif d’un risque cinq à sept fois plus élevé d’événements cardiovasculaires dans les 10 ans par rapport à ceux dont le taux était inférieur au seuil.
Les auteurs poursuivent désormais leurs travaux en développant un capteur électronique qui, à partir d’une goutte de sang, serait capable de doser les monocytes circulants et de les classer par sous-types. « Cette valeur permettra donc de quantifier un score inflammatoire qui, en fonction du profil clinico-biologique du patient, prédira sa trajectoire vers des complications. Ceci pourrait permettre la prescription d’un antidiabétique spécifique », explique Nicolas Venteclef, auteur senior de l’étude.
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