Alors que les Français ont eu tendance à éviter les urgences hospitalières (hors Covid-19) pendant la période du confinement, quelles ont été les conséquences sur leur état de santé ? Si un gros travail reste à faire, l’article publié dans le Lancet par l’équipe d’Eloi Marijon montre déjà que l’incidence des arrêts cardiaques extrahospitaliers a doublé en région parisienne, passant de 13,4 arrêts par million d’habitants à 26,6 au cours des 3 premières semaines de confinement, avant de revenir aux valeurs de base début mai.
Qui sont les patients atteints ? Pour Eloi Marijon, si certains d’entre eux ont succombé à domicile du Covid-19 (299 des 460 patients avaient été diagnostiqués), seul un tiers des décès était directement en lien avec la maladie. En effet, le profil des patients est superposable à celui retrouvé habituellement dans la région parisienne, qui a servi de référence à ce travail (deux tiers d’hommes, âge moyen 69 ans).
Sur les 460 arrêts recensés, 90,2 % ont eu lieu à domicile (contre 76 % habituellement), avec dans 58,8 % des cas, un témoin présent (contre 65 %) qui a débuté une réanimation cardio-pulmonaire pour 47,8 % d’entre eux (contre 62 %). L’utilisation d’un défibrillateur externe a été anecdotique (0,4 % contre 3,2 %).
Un taux de survie en baisse de 45 %
Le délai entre l’appel et l’arrivée des secours a été majoré (10,4 minutes contre 9,4). Le taux de rythme choquable par les secours a été nettement diminué (9,2 % contre 19,2 %). Logiquement, le taux de survie à l’admission à l’hôpital est passé de 22,9 % à 12,9 %, soit une diminution de 45 % et celui en sortie d’hospitalisation de 5,4 % à 3,1 %.
Pourquoi une telle hausse des décès sur arrêt cardiaque extrahospitaliers ? Pour les auteurs, différents facteurs ont influé : retard à l’appel, réticences aux consultations en médecine générale et à l’hôpital (par peur de contamination, difficultés à joindre les services de secours, stress, saturation du système de soins). Enfin, un impact cardiaque de traitements « sauvages » ne peut être exclu.
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