Des crevettes pour combattre la bilharziose en Afrique

Publié le 11/08/2015

Crédit photo : SPRINGER VERLAG/SPL/PHANIE

Peupler les rivières avec des crevettes pourrait être un moyen efficace de contrôler la bilharziose qui affecte 230 millions de personnes surtout en Afrique, selon une étude. Ces crevettes d'eau douce s'attaquent aux escargots et limaçons porteurs des vers parasites qui sont éliminés par ces crustacés dont l'organisme ne peut les tolérer, expliquent ces chercheurs dont les travaux menés au Sénégal paraissent dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS). "Les résultats de notre étude ouvrent la voie à une nouvelle approche pour contrôler la schistosomiase", juge Giulio De Leo, un professeur de biologie à l'Université de Stanford à Pacific Grove en Californie, l'un des principaux auteurs.

Ces chercheurs ont traqué des escargots et des personnes infectées dans deux villages au Sénégal. Dans l'un d'eux, l'équipe scientifique, avec des chercheurs sénégalais, a lâché un grand nombre de crevettes à un point d'accès à la rivière utilisée quotidiennement par les habitants. Après dix-huit mois, ils ont constaté une réduction de 80% du nombre des escargots infectés par les parasites ainsi qu'une diminution de 50% des personnes contaminées par ces vers comparativement au village témoin dont la rivière n'avait pas été repeuplée de crevettes. "Quand on ne parvient pas à venir à bout de la schistosomiase avec seulement des médicaments en raison d'une réinfection trop rapide, les crevettes pourraient offrir une stratégie complémentaire" pour contrôler la maladie, expliquent les chercheurs.

Avec près de 800 millions de personnes à risque d'être infectées dans le monde, la lutte contre la schistosomiase qui peut provoquer de l'anémie, de l'infertilité, une défaillance hépatique, un cancer de la vessie et des problèmes cognitifs durables, devrait être une priorité, estiment ces chercheurs. Actuellement, le seul traitement contre cette maladie est le praziquantel. Mais des quantités insuffisantes au niveau mondial, son coût élevé et d'autres facteurs limitent son efficacité, expliquent-ils. Même si ce traitement était largement disponible et bon marché, il resterait une solution incomplète pour ces populations qui utilisent quotidiennement ces rivières pour faire leur toilette, laver leur linge ou consommer l'eau infestée par ces vers parasites qui les réinfectent fréquemment, estiment ces scientifiques. Plus de 40 millions de personnes ont été traitées contre la schistosomiase dans le monde en 2013, selon l'OMS.



Source : lequotidiendumedecin.fr