Tout partait a priori d’une bonne intention. Devant la méfiance croissante et contagieuse des « antivax » et une couverture vaccinale en France en baisse, la ministre de la Santé avait chargé Sandrine Hurel, députée PS de Seine-Maritime d’établir un rapport sur la vaccination en France. Et à l’issue du rendu en janvier 2016, la ministre a engagé la fameuse concertation citoyenne et scientifique sur la vaccination pilotée par le Pr Alain Fischer. Patatras ! Les conclusions du célèbre immunologiste recommandant l’obligation temporaire des vaccinations du petit enfant sont restées lettre morte depuis novembre. Depuis, rien n’y fait, ni l’appel des 21 sociétés médicales réclamant la mise en place immédiate de ces recommandations, ni l’Académie de médecine, ni même les syndicats de médecins... L’avenue de Ségur reste muette.
Gare, la situation est critique. Car en parallèle de cette inertie, les ruptures de stocks et les pénuries de vaccins se suivent et se ressemblent et les « antivax » marquent des points. Cette fois-ci, c’est au tour de l’hépatite B de disparaître des frigos des pharmacies. Le Haut Conseil rationne les doses, établit des priorités et concocte des solutions a minima. Une nouvelle fois, les vaccins à valence coqueluche sont en tension d’approvisionnement faisant de l’ordonnance médicale un vrai parcours du combattant : quelle pharmacie aura le vaccin disponible ? Et, cerise sur le gâteau, voilà que le Conseil d’État relevant l’inadéquation juridique entre l’obligation vaccinale du DTP et l’absence de présentation disponible, enjoint les autorités de tutelle de le proposer à nouveau… Une injonction irréaliste car il faudrait des années avant d’y arriver compte-tenu des délais d’AMM et de fabrication.
Alors, que fait la Ministre ? Même si elle a annoncé qu’elle se prononcerait à titre personnel sur ce dossier, elle laisse au prochain gouvernement le soin de trancher. Comme si sur ce dossier précisément son opinion en propre avait de l’importance… Les politiques vaccinales s’appuient sur des faits scientifiques qu’un gouvernement se doit de faire appliquer pour protéger ses concitoyens. Quant aux médecins, à eux de se débrouiller avec cette injonction paradoxale : vaccinez, mais on ne vous en donne pas les moyens !
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