Depuis 20 ans, les publications sur les liens entre travail décalé et santé se multiplient. Or 60 % des Français ont des horaires de travail atypiques, en soirée (de 18 à 22 heures), la nuit, le week-end et les jours féries, morcelés avec des coupures variables et surtout, 17 % ont un travail posté.
Il est maintenant prouvé que le travail décalé augmente le risque de cancer du sein, d'obésité, de syndrome métabolique, d'affections gynécologiques, digestives, psychiatriques, cognitives ainsi que les troubles du sommeil, les accidents du travail et de la circulation. Selon une publication de 1999, le travail en horaire décalé multiplie le risque d'IDM entre 45 et 55 ans par 1,6 chez l'homme et 3 chez la femme, indépendamment des autres facteurs de risque ou de la charge de travail.
Stress physiologique
« Si une meilleure organisation du travail relève de la santé publique, les médecins doivent s'intéresser au mode de travail de leurs patients, de leur tolérance à ces horaires, les informer sur l'augmentation du risque et prendre en charge les comportements à risque et les facteurs psychosociaux. » La situation la plus critique est le travail nocturne en horaire décalé et en ambiance bruyante. Quant au risque coronarien, il augmente parallèlement avec l'accumulation des heures de travail nocturne.
En outre, le travail décalé entraîne un stress physiologique, comportemental et psychosocial qui conduit à la maladie cardio-vasculaire. La rupture du rythme circadien induit, elle, des modifications métaboliques, endocrinologiques et des troubles du sommeil qui vont impacter les coronaires via la dysfonction endothéliale et les modifications de la coagulation et majorer les troubles comportementaux –tabagisme, sédentarité, aberrations alimentaires –, lesquels aggravent les facteurs de risque classiques. conclut Jean-Pierre Houppe (Thionville). La HAS a d'ailleurs publié en 2012 des recommandations de bonne pratique concernant la surveillance médico-professionnelle des travailleurs postés et/ou de nuit.
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