Après une extension d’indication en monothérapie dans le cancer du sein métastatique HER2 faible après chimiothérapie (hormonodépendant RH+ ou non), l’anticorps conjugué trastuzumab déruxtécan (T-DXd Enhertu) s’est révélé plus efficace que la chimiothérapie chez les patientes RH + avec statuts HER2 faible et ultrafaible après au moins une ligne d’hormonothérapie. Pour rappel, l’autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne initiale de l’anticorps (AstraZeneca/Daiichi Sankyo) concernait les cancers du sein avancés HER2+ ayant été traités préalablement par au moins une ligne d’anti-HER2.
Ces résultats sont issus de l’essai de phase 3 Destiny-Breast06, présenté cette année au congrès de la Société américaine d’oncologie clinique (Asco). Le trastuzumab déruxtécan a été comparé à la chimiothérapie chez des patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique hormonodépendant avec un niveau d’expression HER2 faible et ultrafaible après au moins une ligne d’hormonothérapie. Pour rappel, la chimiothérapie est aujourd’hui le traitement de référence après échec d’hormonothérapie, fréquent chez ces patientes RH+.
L’anticorps conjugué a montré, après au moins une ligne d’hormonothérapie, un gain médian de 13,2 mois de survie sans progression (SSP) pour toute la population totale de l’étude (HER2 faible et ultrafaible).
Diminution du 38 % du risque de progression
L’essai de phase 3 Destiny-Breast06 a évalué la supériorité du trastuzumab déruxtécan (n = 436) par rapport à la chimiothérapie (n = 430) dans le cancer du sein métastatique hormonodépendant après au moins une ligne d’hormonothérapie et, ce, pour des niveaux d’expression d’HER2 faible (n = 713) et ultrafaible (n = 153). Dans le bras Enhertu, 359 patientes étaient HER2 faible et 76 étaient HER2 ultrafaible. Les patientes avaient reçu, en médiane, deux lignes d’hormonothérapie dans les deux bras de traitement, et n’avaient jamais reçu de chimiothérapie avant l’essai.
Les résultats montrent une supériorité statistiquement et cliniquement significative sur la SSP d’Enhertu (5,4 mg/kg) comparé à la chimiothérapie (capecitabine, paclitaxel ou nab-paclitaxel) pour tous les niveaux d’expression. Chez les patients avec une expression HER2 faible, le trastuzumab déruxtécan a montré une réduction de 38 % du risque de progression ou de décès en comparaison avec la chimiothérapie (HR = 0,62), avec une SSP médiane de 13,2 mois versus 8,1 mois dans le bras chimiothérapie. Chez les patientes HER2 ultrafaible, la réduction du risque était de 22 % (HR = 0,78) comparé à la chimiothérapie avec une SSP médiane de 13,2 mois versus 8,3 mois. Pour l’ensemble des niveaux d’expression HER2, la réduction du risque avec Enhertu comparé à la chimiothérapie était de 37 % (HR = 0,78), avec une SPP de 13,2 mois versus 8,1 mois.
Alors Enhertu plutôt que la chimiothérapie ?
Pour les auteurs, cette étude montre que ce traitement par anticorps conjugué, s’il est administré plus tôt, à la place de la chimiothérapie, est efficace et améliore la survie sans progression. « Généralement après une ou deux lignes de traitement, l’hormonothérapie montre une efficacité limitée chez les patientes RH +. Le traitement de référence est alors la chimiothérapie qui montre des résultats assez ténus », contextualise le Pr Jean-Yves Pierga, oncologue à l’Institut Curie, en direct de l’Asco où les résultats ont été présentés en late-breaking (LBA1000).
Le Pr Pierga rajoute que depuis les précédents essais de Destiny-Breast, « les effets secondaires sont maîtrisés », évoquant particulièrement la surveillance sur le plan pulmonaire. Avec Destiny-Breast06, l’Enhertu passe donc devant la chimiothérapie, mais « l’hormonothérapie reste le traitement de première ligne ». Enfin, l’oncologue précise que, dans l’essai, l’efficacité d’Enhertu était particulièrement marquée pour les cancers agressifs qui échappaient complètement à l’hormonothérapie.
Au vu de ces résultats, Enhertu pourrait devenir le traitement de référence en seconde ligne des patientes ayant un cancer du sein métastatique hormonodépendant de statut HER2 faible et ultrafaible.
D’après une conférence de presse organisée par AstraZeneca
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