Une étude épidémiologique observationnelle internationale de registre pilotée par l’équipe du Pr Pierre Amarenco (chef du service de neurologie à l’hôpital Bichat Claude-Bernard, université Paris-Diderot – Inserm) a montré que le risque de récidive d’AVC à 5 ans chez les patients ayant bénéficié d’une prise en charge dans les 24 heures suivant la survenue d’un AIT est de 13 %.
Ces résultats suggèrent que la prévention de ces événements ne doit pas se concentrer uniquement sur les premiers mois suivant l’AVC, mais doit être prolongée au moins 5 ans. Cette étude est publiée dans le New England Journal of Medicine du 16 mai et veient d'être présentée au 4e congrès ESOC (European Stroke Organisation Conference) qui est tenu à Gothenburg en Suède du 16 au 18 mai.
Après un AIT ou un infarctus cérébral mineur, le risque à long-terme de survenue d’un autre AVC, d’un infarctus du myocarde ou d’un décès d’origine vasculaire n’est pas connu. Après avoir rapporté lors d’une première étude parue en 2016 dans le Nejm le risque de survenue d’un accident cardio-vasculaire à un an, l’équipe s’est attachée à en mesurer le risque à 5 ans. Ces travaux ont été réalisés dans le cadre du projet international TIAregistry.org.
3 847 patients traités sur des standards modernes
L’étude a été menée auprès de 3 847 patients issus de 21 pays (en Europe, Asie, Japon, Amérique Latine) entre 2009 et 2011, victimes d’un AIT ou d’un accident cérébral mineur dans les 24 heures pour 80 % d’entre eux et pour les autres dans les 7 jours (urgences, unités neurovasculaires, hôpitaux de jour spécialisés, clinique ambulatoire). « L’objectif était notamment d’évaluer l’état de santé des patients, pris en charge dans une structure spécialisée, et le risque d’AVC cinq ans après la survenue de l’AIT ou d’un accident cérébral mineur », précisent les auteurs. Parmi les 61 centres initiaux qui ont permis la première publication des données à 1 an, 42 ont poursuivi leur collaboration permettant ainsi le suivi des patients jusqu’à 5 ans.
Au terme de ce suivi, parmi les 3 847 patients, 469 ont eu un infarctus cérébral, un infarctus du myocarde ou sont morts de problème vasculaire, soit un risque à 5 ans de 12,9 %.
La moitié de ces événements est survenu au cours de la première année de suivi, la moitié est survenue entre la deuxième et la cinquième année. La survenue de ces événements persiste au fil du temps, c’est-à-dire que le risque n’a pas tendance à s’atténuer. À 5 ans, le risque de récidive d’AVC était de 9,5 %. Un échelonnement qui montre que la prévention ne doit pas se limiter aux premiers mois post-AVC, mais doit être prolongée au moins 5 ans.
Après un AIT ou un infarctus cérébral mineur ne laissant pas de handicap, le risque de refaire un AVC handicapant ou un infarctus du myocarde, fatal ou non, est de 6,4 % la première année et de 6,4% entre la deuxième et la cinquième année. Ce résultat a été obtenu alors que tous les patients dans cette étude ont été traités de façon optimale, c’est-à-dire suivant les recommandations de traitement après un AVC.
Les auteurs préconisent de développer des stratégies de prévention encore plus efficaces pour diminuer le risque d’AVC basées sur des mesures d’hygiène de vie comme l’exercice physique régulier (par exemple 20 à 30 minutes de vélo d’appartement tous les matins avant la douche) et la perte de poids, les antithrombotiques, les hypolipémiants et la prise en charge de l’HTA et du diabète si nécessaire.
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