« Quand on a rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paye », affirmait, le 30 janvier, le Premier ministre dans son discours de politique générale, ouvrant ainsi la porte à une pénalisation financière des patients indélicats qui n’honoreraient pas leurs rendez-vous médicaux. Depuis 2022, selon une enquête menée par l’Union régionale des professionnels de santé, médecins libéraux (URPS-ML) d’Île-de-France qui fait depuis référence sur le sujet, ces « lapins » se produiraient jusqu’à deux fois par jour et représenteraient, chaque année, quelque 27 millions de consultations perdues. En janvier 2023, une nouvelle étude publiée par l’Ordre et l’Académie de médecine parvenait à ce même résultat, indiquant que 6 à 10 % des patients ne se présentent pas à leur rendez-vous. À l’arrivée, par extrapolation, toujours 27 millions de consultations annuelles (toutes disciplines confondues) dans les limbes.
2,5 faux bonds par semaine
De son côté, MG France publie ce mardi les résultats de sa propre enquête en ligne, menée courant janvier, France entière, auprès de 1000 de ses adhérents. À l’arrivée, le phénomène des rendez-vous non honorés semble toucher les généralistes de façon moindre que lorsque les résultats sont extrapolés à partir de l’ensemble des spécialités médicales. « La moyenne des lapins déclarés par les répondeurs est de 2,5 rendez-vous hebdomadaires non honorés », déclare MG France. Une moyenne qui cache toutefois des réalités très disparates, les extrêmes étant compris « entre zéro et vingt-deux lapins par semaine ». Reste qu’en extrapolant ce chiffre aux 47 000 médecins généralistes traitants, « c’est environ 6,5 millions de lapins par an que nous déplorons », poursuit le syndicat qui rapproche ce volume perdu aux « 251 millions d’actes effectués chaque année par les généralistes ».
Est-ce à dire que pour MG France, la perte de temps médical générée par les patients qui font faux bond, serait presque quantité négligeable ? Reste qu’en tout état de cause, la majorité des troupes du syndicat semble en avoir déjà pris son parti. Seul un tiers des répondants estime que ces lapins sont « un problème insupportable et qu’il faut faire quelque chose ». Un deuxième tiers, fataliste, pense que c’est « ennuyeux mais inévitable ». Quant au dernier tiers, il déclare que ces trous inopinés dans leur agenda leur permettent de rattraper leur retard et que ce n’est « pas très grave ».
En réalité, le syndicat a bel et bien voulu tordre le cou aux chiffres qui circulent dans le secteur mais qui englobent l’ensemble des spécialités médicales. « Pour les généralistes, le phénomène des lapins n’est pas si massif que cela, confirme le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint du syndicat. La plupart du temps, il s’agit de patients que l’on connaît et il y a toujours moyens de s’arranger au téléphone. »
Mise en place d’une taxe ad hoc ?
Ce n’est en tout cas pas du tout l’appréciation qu’en faisait ce week-end la nouvelle ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités. Dans un entretien accordé au journal L’Union, Catherine Vautrin confirmait que le gouvernement réfléchissait à la mise en place d’une taxe ad hoc. « La santé, c’est pas gratuit ! Ne pas honorer un rendez-vous, c’est du gaspillage et c’est une perte de chances pour d’autres, qui auraient pu être reçus à ce moment-là », expliquait la ministre, reconnaissant que l’aspect technique de la mesure restait à définir. « Il va falloir qu’on discute avec les professionnels. Le véhicule n’est pas encore arbitré ». De son côté, l’URPS-ML Île-de-France est manifestement dans les starting-blocks pour entamer les discussions. L’instance vient en effet de publier un communiqué ce lundi réaffirmant ainsi les résultats de son étude de 2022 et le nombre de consultations annuelles perdues, « soit l’équivalent du temps de travail d’environ 4 000 médecins ».